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L'Irak va-t-il droit à la guerre civile ?

Aude Gensbittel24 février 2006

Les violences intercommunautaires en Irak font la première page de nombreux journaux allemands. L’attaque mercredi de la Mosquée d’or de Samarra, l’un des plus hauts lieux saints chiites d’Irak, a provoqué une vague de représailles et attisé les tensions entre sunnites et chiites. On craint même qu’une guerre civile n’éclate dans le pays.

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Ruines du sanctuaire chiite de Samarra
Ruines du sanctuaire chiite de SamarraImage : picture-alliance / dpa/dpaweb

Les livres d’histoire décriront-ils plus tard l’attentat sur le sanctuaire de Samarra comme le déclencheur d’une sanglante guerre civile en Irak – ou bien n’en est-on pas encore là ? s’interroge la Tageszeitung ? Ce qui est sûr, c’est que ceux qui ont intérêt à encourager les tensions ethniques et religieuses jusqu’à ce que ce des pans entier de la population se retournent les uns contre les autres avec les armes, savent à présent comment s’y prendre. Il ne faut pas attaquer des gens, mais des symboles. Un millier de morts parmi les chiites à la suite de violents attentats n’a pas le même effet que la destruction de la coupole dorée d’un important lieu saint, explique la taz. On voit donc naître l’une de ces situations typiques qui précèdent souvent une guerre civile : une situation dans laquelle tous se sentent victimes.

L’intervention des puissances d’occupation au cours des derniers jours montre à quel point la situation est devenue incontrôlable, estime de son côté la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le ministre britannique des affaires étrangères, Jack Straw, a exhorté les partis irakiens à former au plus vite un gouvernement. La nouvelle escalade de la violence montre la gravité de la crise irakienne, poursuit la FAZ, le pays pourrait basculer dans le chaos, dans une véritable guerre civile. Il reste à espérer que les personnes modérées se rendent maintenant compte du sérieux de la situation. Le fait que les sunnites aient pour l’instant interrompu les discussions pour la formation d’un gouvernement n’est cependant pas bon signe.

La Frankfurter Rundschau se demande quant à elle qui peut se cacher derrière l’attentat de Samarra et à qui il profite. Certainement pas aux différents partis politiques du pays, écrit le journal, partis qui souhaitent obtenir le pouvoir et non pas la destruction de la société qu’ils pourraient diriger. Les Etats-Unis ne peuvent pas non plus vouloir l’anarchie dans le pays, cela irait à l’encontre de tous leurs intérêts. Ni l’Iran ni Israël ne peuvent trouver avantage à une situation de violence permanente entre les communautés irakiennes, poursuit le quotidien, car les deux pays seraient sans doute rapidement impliqués dans le conflit d’une manière ou d’une autre. Les seuls qui peuvent avoir motif à provoquer une guerre civile – à moins qu’il ne s’agisse de l’action de quelques criminels fanatiques à la bêtise incommensurable– sont ceux qui se sont fixé pour but la propagation du terrorisme.