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L'Iran, un an après

10 juin 2010

L'opposition iranienne a renoncé à manifester, samedi, pour marquer le 1er anniversaire du « mouvement vert », un an après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad.

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La couleur verte, signe de ralliement des opposants (manifestation du 17 juin 2009)Image : AP
Les réformistes ne veulent pas risquer une fois de plus la vie de leurs partisans, alors que les autorités ont interdit tout rassemblement. Une position qui tranche avec les vastes manifestations populaires qui avaient suivi le scrutin présidentiel. Depuis quelques mois, l'opposition iranienne se fait discrète. Si discrète que certains médias occidentaux ont déjà sonné le glas du mouvement vert. Néanmoins, l'avocate iranienne Shirin Ebadi, lauréate du Prix Nobel de la Paix, est certaine que les aspirations réformistes sont toujours présentes dans son pays :
Shirin Ebadi Pressekonferenz DW
Shirin Ebadi, lors de son passage à Bonn en mai dernier.Image : DW

« Le mouvement démocratique continue en Iran, malgré la violence et la répression. Il a une structure horizontale et est organisé comme un réseau social. Cette révolution verte est indestructible, on ne peut pas l'arrêter. Au contraire, elle s'étend de jour en jour. »

Le 12 juin 2009, Mahmoud Ahmadinejad avait été déclaré vainqueur de l'élection présidentielle. L'opposition, menée par ses deux principaux rivaux, Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, avait crié à la fraude. Dans un élan spontané, des milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour protester. Mais contrairement à d'autres élans démocratiques, ce qui s'est passé en Iran n'est pas une révolution, estime Daryoush Homayon, un exilé iranien vivant à Paris :

Getötete Aktivisten im Iran
Un site internet d'opposition publie des photos de manifestants tués lors des manifestations

« Ce n'est pas un mouvement de résistance du type de ceux qui conduisent à une révolution. Ce mouvement réformiste est une sorte de révolution de la conscience. Les groupes qui y participent ont constaté qu'on ne peut plus diriger le pays avec la culture politique dominante. C'est elle qu'ils veulent changer. »

La réponse du gouvernement iranien a été sans équivoque : répression et arrestations en masse, viols et torture dans les prisons, condamnations à mort et exécutions. Les autorités ont également fermé des journaux de l'opposition, tenté de museler les sites Internet et les réseaux sociaux du type Facebook. Pour Mohammad Reza-Djalili, professeur à l'Institut des hautes études internationales et du développement de Genève, l'Iran est dans l'impasse :

Trauer um Neda
La vidéo de la mort de Neda Agha Soldan, tuée pendant une manifestation, a fait le tour du monde.Image : AP

« La politique de M. Ahmadinejad depuis un an est une politique de la répression et seulement de la répression. Il n’a ouvert aucun de terrain de négociation avec l’opposition. Le régime ne parvient pas résoudre le problème et essaie même de le nier. »

Pour le spécialiste, la situation est tout à fait bloquée. Il y a une « vraie fracture entre la société et l’Etat, mais aussi à l’intérieur du système puisqu’une partie des dirigeants de l’opposition sont des anciens dirigeants du régime islamique ».

Auteur : Fahime Farsaie et Anne Le Touzé
Edition : Sandrine Blanchard