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L'ONU en guerre à Goma

Marie-Ange Pioerron30 août 2013

L'intervention musclée des forces de l'ONU dans l'est de la République démocratique du Congo retient l'intérêt de la presse allemande.

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Casques bleus indiens de la Monusco au nord de GomaImage : Junior D. Kannah/AFP/Getty Images

L'Onu part en guerre, titre die tageszeitung. Les Congolais attendent cela depuis longtemps, c'est apparement ce qui se produit à présent: la nouvelle brigade d'intervention de la mission de l'ONU au Congo, qui à la différence des casques bleus normaux doit agir de manière offensive contre les groupes armés, part en guerre près de Goma contre la rébellion du M23. Le journal évoque ensuite les pertes en vies humaines occasionnées par cette offensive. Et ajoute-t-il, c'est la première fois depuis huit ans que des troupes de l'ONU s'engagent de la sorte contre des adversaires armés du gouvernement congolais. La Monusco met ainsi le pied dans une guerre qui a connu une escalade la semaine passée et qui implique le Rwanda. Ce dernier étant en conflit avec la Tanzanie, présente militairement aux côtés de l'ONU, le risque d'escalade régional est élevé, estime le journal.

Unruhen Kongo Goma
Soldats congolais blessés à l'hôpital Heal de GomaImage : Reuters

Violence contre violence, écrit de son côte la Süddeutsche Zeitung qui insiste elle aussi sur le risque d'embrasement. Il s'agit, écrit le journal, de la dernière escalade en date dans l'une des zones de conflits les plus complexes d'Afrique. Plus d'une vingtaine de groupes armés sont actifs dans l'est du Congo. On se bat entre autres pour le contrôle de matières premières comme le coltan, un minerai indispensable dans la fabrication de téléphones portables. L'intervention de la brigade d'intervention spéciale aux côtés des forces armées congolaises comporte d'énormes risques pour l'ONU . Car l'armée est à peine moins redoutée dans la population que les rebelles. Les soldats sont accusés de viols et de pillages systématiques.

Mali Moschee Zerstörung
Une mosquée de Konna endommagée lors de la reprise de la ville par l'armée française, janvier 2013Image : Reuters

Le wahhabisme en marche au Mali

Au Mali la situation est maintenant plus calme. Mais comme le constate la presse allemande les conséquences du conflit sont toujours visibles le long de l'ancienne ligne de front entre le Nord et le Sud. Exemple à Konna, une petite ville de 30 000 habitants, lit-on dans un reportage de die tageszeitung. Le 10 janvier dernier, des islamistes venus du Nord-Mali ont occupé la localité. S'ils avaient réussi à s'emparer de la base militaire de Sévaré, à 70km plus au sud, la route de Bamako leur aurait été ouverte. Mais rappelle le journal, leur convoi a été bombardé par des hélicoptères et des avions de combat français. Aujourd'hui, autour de Konna les champs sont vides. Les paysans n'ont rien planté par peur des mines. La ville semble assoupie. Comme l'explique le maire de Konna, Ibrahima Sory Diakité, "beaucoup de marchands ont disparu. Ils s'étaient liés avec les extrémistes et ont éte tués, ou bien ils ont pris la fuite". Le journal évoque aussi dans ce reportage l'emprise grandissante du wahhabisme, cet islam ultra-conservateur venu d'Arabie Saoudite. Le zèle missionnaire du wahhabisme est partout visible, souligne la Taz. Même le plus petit village abrite aujourd'hui deux mosquées: une mosquée ancienne, en matériaux de construction locaux, dans laquelle prient les adeptes de l'islam soufi, c'est-à-dire la majorité des Maliens, et une mosquée toute neuve, en pierres peintes en blanc, elle est située en règle générale au bord de la route, et arbore un panneau des donateurs arabes.

Ägypten Proteste Anhänger Muslimbrüder 18.8.2013
Soldats égyptiens près de la Cour constitutionnelle18.8.2013Image : picture-alliance/dpa

Des intellectuels défendent l'armée en Egypte

En Egypte l'armée a poursuivi ces derniers temps sa répression contre les Frères musulmans. Mais deux écrivains égyptiens prennent, dans la presse allemande, la défense des militaires. Le premier s'appelle Ezzedine Choukri Fishere, il est écrivain et professeur de science politique. Dans l'hebdomadaire Die Zeit il signe un article pour expliquer pourquoi les démocrates égyptiens s'arrangent avec la dictature. Etre démocrate en Egypte n'a jamais été simple, écrit-il. C'est à présent très difficile. Là où des centaines de civils innoncents sont tués, il reste peu de place pour des positions nuancées. Qui croit à l'universalité des droits de l'homme est tenu de condamner les assassins. Mais la question demeure: que fallait-il faire pour mettre l'Egypte sur la voie d'une démocratie pluraliste? La majorité des Egyptiens n'est pas prête à diluer les règles démocratiques pour intégrer des forces anti démocratiques qui combattent précisément ces règles. Nous avons appris de façon douloureuse qu'une démocratie en gestation doit être protégée de ceux qui refusent cette démocratie.

Dans les colonnes de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'écrivain Alaa al-Aswani, l'auteur du célèbre Immeuble Yacoubian, est encore plus catégorique. Personne ne peut se réjouir de la violence, déclare-t-il. Mais je suis content de l'affrontement entre la rue égyptienne et les groupes terroristes, car pour moi les Frères musulmans ne sont plus un parti politique. Ils ont incendié des dizaines d'églises et tué des gens. Nous avons affaire à un groupe terroriste. C'est pourquoi je pense que nous sommes actuellement en guerre, une guerre entre le peuple égyptien et les Frères musulmans. Je suis très optimiste, car je sais que nous gagnerons ce combat, ajoute Alaa al-Aswani.

Der ägyptische Schriftsteller Alaa Al-Aswani
Alaa Al-AswaniImage : picture-alliance/dpa