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Lufthansa rachète Swiss

Yvon Arsenijevic23 mars 2005

Affaire conclue entre les deux compagnies aériennes nationales Lufthansa et Swiss : les états majors sont d’accord, les principaux actionnaires aussi, même le commissaire européen aux transports a fait savoir que rien ne s’opposait à la fusion dont le calendrier est déjà en place. C’est l’entreprise allemande qui mange l’entreprise helvète et les journaux réagissent. En Suisse aussi.

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Les logos resteront, mais la grue Lufthansa est bien au premier plan
Les logos resteront, mais la grue Lufthansa est bien au premier planImage : AP

La grue – eh oui, le logo qui orne l’empennage des appareils de la compagnie allemande Lufthansa n’est pas une cigogne, ce qui serait sans doute plus poétique, mais une simple grue –une grue donc, mais qui, comme le mettent en exergue les Neueste Nachrichten de Dresde, « reprend de l’altitude ». Une expansion, se félicite encore le journal, qui n’est pas seulement « organique », une expansion qui mise sur la croissance par un rachat et où notre confrère voit même une dimension supplémentaire : fini pour les entreprises allemandes d’être un simple gibier, les voici devenues chasseresses !

Envolée encore, mais en moins lyrique, à la Badische Zeitung pour qui la reprise par Lufthansa est ce qui pouvait arriver de mieux à Swiss, même si la compagnie allemande fait main basse sur tout, destinations rentables, bases clients, bref sur toute l’« argenterie » de la compagnie helvète. Souffrant de la lourdeur des coûts et de la minceur des marges, les entreprises de taille moyenne telle que Swiss ne peuvent survivre qu’avec l’aide d’un partenaire fort, estime encore le journal de Fribourg.

Retour complet sur terre maintenant, avec la Neue Osnabrücker Zeitung : prudent, le journal met le doigt sur le risque qu’il y a pour Lufthansa à se lancer dans de nouvelles aventures alors qu’elle-même était aux prises, il y encore un an, avec un trou de près d’un milliard d’euros et qu’elle n’a toujours pas digéré les conséquences de son escapade touristique chez Thomas Cook. Et même si Swiss devait se refaire une santé sous l’aile de la grue (encore elle !), insiste notre confrère d’Osnabrück, il y aura des perdants : Berlin notamment, car on peut parier qu’après Francfort, Hambourg et maintenant Zürich, la Lufthansa n’installera pas une quatrième plate-forme de connexion internationale dans l’espace germanophone.

Même prudence face à l’événement dans les colonnes de la Mitteldeutsche Zeitung pour qui la « maman grue » (toujours elle) aura besoin de toutes ses forces pour soigner son petit « poussin suisse malade ». Le journal de Halle ayant aussi une pensée pour les actionnaires de la compagnie suisse (un coup dur pour eux, écrit-il), c’est l’occasion pour nous d’aller voir de l’autre côté de la frontière, et de lire dans le Tages-Anzeiger de Zürich qui sont les responsables du « vol en chute libre » de la compagnie nationale suisse : nous-mêmes, écrit sobrement notre confrère avant d’ajouter : alors « coup dur » bien sûr, mais seule « solution raisonnable » que la cession de la compagnie à Lufthansa.

Seule solution pour son sauvetage, renchérit la Neue Zürcher Zeitung qui ajoute, pragmatique : cela permet d’encaisser plus facilement la perte d’une indépendance qui avait davantage de valeur sur le plan émotionnel que stratégique.