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Mali - Zimbabwe

Marie-Ange Pioerron19 décembre 2003

Afropresse l'Afrique à travers la presse allemande.

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Cette semaine la presse allemande ne fait qu'une toute petite place à l'Afrique. Même la visite en Allemagne du président du Mali est boudée par les journaux nationaux.

Il faut dire que la capture de Saddam Hussein a éclipsé le reste de l'actualité, et de fait la presse nationale n'évoque que très brièvement la visite d'Amadou Toumani Touré. Comme l'a dit d'ailleurs le président allemand Johannes Rau à l'occasion de cette visite, depuis la libération des otages européens, le Mali a disparu des journaux. Cela dit quelques quotidiens régionaux nous donnent quand même plus que des miettes. A Berlin, première étape de la visite, le Tagesspiegel revient sur cette affaire des otages, en majorité allemands, qui avaient été enlevés en Algérie puis libérés au Mali. Cet enlèvement, écrit-il, montre à quel point il est important d'avoir des alliés dans ces régions. Et dans la lutte contre le terrorisme, le monde compte aussi sur l'Afrique. Mais si les autres Etats attendent plus de ce continent que des professions de foi à contrecoeur, il leur faut s'engager pour ces pays. Non seulement par une aide bilatérale. Car poursuit le journal, le président malien a abordé ce qui est vraiment important : le commerce équitable. Par son exemple du coton il a touché un point sensible chez les Européens. Dans l'Union européenne la culture du coton tient uniquement au versement de subventions. Et ces subventions pénalisent les Africains. La suppression en 2001 des droits de douane pour toute une série de produits venant des pays les moins développés, ne suffit pas, souligne le journal. C'est toute l'organisation du marché du coton, comme celui du sucre, qu'il faut renégocier.

Autre visite: celle d'un député chrétien-démocrate allemand au Zimbabwe. Et si elle est évoquée cette semaine dans la presse, c'est surtout parce qu'elle a eu lieu à l'insu, non seulement du ministère allemand des affaires étrangères, mais aussi du gouvernement zimbabwéen. Comme l'écrit la Frankfurter Rundschau, Arnold Vaatz, vice-président du groupe parlementaire chrétien-démocrate à la chambre des députés, était en mission secrète. Et pour cause : il y a quelques mois le gouvernement zimbabwéen avait annulé à la dernière minute la visite officielle que devait effectuer Arnold Vaatz pour la raison qu'il voulait rencontrer aussi des opposants zimbabwéens. Sur ce l'ancien militant est-allemand des droits de l'homme est allé au Zimbabwe en simple touriste, à l'insu donc du gouvernement de Harare, mais apparemment avec la bénédiction de son parti, précise le journal. Au Zimbabwe il a notamment rencontré Morgan Tsvangirai, le leader du principal parti d'opposition, ainsi que l'évêque catholique de Bulawayo, Pius Ncube. Mercredi le député allemand a donné à Johannesburg une conférence de presse et les extraits que nous en donne la Frankfurter Rundschau sont éclairants. Arnold Vaatz n'a pas eu de mots assez durs pour critiquer l'appui du président sud-africain Thabo Mbeki au régime Mugabe. Exemple de déclaration : « si l'Afrique du sud s'érige en puissance protectrice d'un système corrompu et attentatoire aux droits de l'homme, elle risque de perdre la formidable réputation que lui avait value la politique de réconciliation de Nelson Mandela ». Le parlementaire allemand a aussi constaté que les déclarations de Thabo Mbeki en faveur de son homologue zimbabwéen soulevaient de violentes réactions en Afrique du sud même. Et selon lui cette polémique risque d'avoir des effets dévastateurs - y compris sur les nécessaires investissements étrangers. Enfin l'on retiendra de cette conférence de presse que le député de l'opposition appelle le chancelier Schröder à aborder le dossier du Zimbabwe lors de sa visite en Afrique du sud en janvier prochain, et à y rencontrer des opposants zimbabwéens.