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Massacre dans une université américaine

Aude Gensbittel18 avril 2007

Le massacre de l’université Virginia Tech aux Etats-Unis fait la « une » des journaux allemands. Lundi un étudiant sud-coréen âgé de 23 ans a tué 32 personnes avant de se donner la mort. Alors que le pays est encore sous le choc de cette fusillade, la pire jamais survenue dans un établissement scolaire aux Etats-Unis, la presse allemande s’interroge sur les causes d’un tel événement, qui n’est pas sans rappeler un massacre similaire dans un lycée d’Erfurt dans l’est de l’Allemagne en 2002.

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Deuil aux Etats-Unis après le massacre de l'université Virginia Tech
Deuil aux Etats-Unis après le massacre de l'université Virginia TechImage : AP

Le journal Die Welt met en cause les techniques modernes. Une hécatombe est possible en l’espace de quelques secondes, les jeux vidéos de tuerie enlèvent toute inhibition et la télévision montre les images de chaque nouveau criminel. Avec une arme, la fureur se concrétise en un acte de violence rapide. Les appels se multiplient à présent pour une loi plus restrictive sur les armes aux Etats-Unis, et à juste titre. En moyenne, 80 personnes sont tuées par balles chaque jour dans le pays, contre seulement 200 par an en Grande-Bretagne. Mais le lycée d’Erfurt, se trouvait-il aux Etats-Unis ?

Pour la Tageszeitung, c’est avant tout l’obtention trop facile des armes qui permet un désastre de ce genre. Une explication qui semble aller de soi, et pourtant il appartient au rituel américain d’exprimer d’abord son regret face aux événements, puis, dans la phrase suivante, de réaffirmer le droit de chaque citoyen américain de posséder une arme. Un droit inscrit dans la constitution, comme le répète inlassablement le lobby des détenteurs d’armes à feu. Aux Etats-Unis, la possession d’armes a une dimension historique et est très liée à la conquête du continent. Ce qui rend difficile une discussion rationnelle. Mais le massacre de Virginia Tech est un nouveau cri d’alarme pour la société américaine : il serait grand temps de revoir certains modèles de pensée totalement dépassés.

Le réflexe de vouloir expliquer l’inexplicable est vieux comme le monde, écrit la Süddeutsche Zeitung. Après une tragédie comme celle-ci, on a souvent vite fait de trouver des facteurs déclencheurs et des coupables : la société, les jeux vidéos, les lois sur les armes, l’abrutissement de la jeunesse, la propension à la violence de la nation américaine et de ses citoyens. Mais dans le cas présent les choses sont plus complexes : le tueur était un adulte, un étudiant sud-coréen, qui a agi par simple jalousie. Ce genre de massacre est une forme extrême de suicide, dans laquelle les pulsions destructrices ne sont pas dirigées uniquement vers soi, mais aussi vers les autres. Il n’y a pas d’explication simple pour une pathologie aussi complexe. Seules des recherches approfondies sur le suicide permettraient de démêler quelque peu l’entrelacement des différents facteurs qui provoquent une telle tragédie.