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Mettre les transports... en commun

8 février 2012

Lancées il y a trente ans à Maurice, les sociétés coopératives de transport par autobus ont accompagné, tant bien que mal, le développement économique de l’île. Elles font désormais partie du quotidien des Mauriciens.

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Arrêt d’autobus MGI à Moka à destination de Rose-Hill, deuxième ville de Maurice.
Arrêt d’autobus MGI à Moka à destination de Rose-Hill, deuxième ville de MauriceImage : Nasseem Ackbarally

Parfois décriées par les usagers, en raison d’un service laissant à désirer, ces sociétés sont devenues quand même une partie intégrante du paysage du transport public mauricien.

Avant les années 1980, ce sont des compagnies privées du transport qui desservent toute l’île Maurice. L’arrivée d’un syndicat chamboule ce secteur. Ne respectant pas les conditions de travail et des salaires des employés, les compagnies privées font face à des grèves générales répétées qui mènent à la fermeture de plusieurs d’entre elles. Face au chaos qui s’installe sur la route, le gouvernement accorde des permis à tout individu qui peut opérer un autobus en vue de soulager les voyageurs. Rajesh Seeburrun est l’un d’eux.

« Les autobus ne coûtaient pas chers à cette époque. Avec l’aide des banques, on pouvait facilement les mettre sur les routes. Le gouvernement voulait aider à résoudre le problème grave de transport public et nous lui avons donné les résultats très vite. Quelques années plus tard, à cause de l’indiscipline qui régnait dans le secteur, le gouvernement nous obligea à se regrouper en sociétés coopératives afin qu’il puisse avoir un meilleur contrôle sur le secteur. Au cas contraire, il allait nationaliser le transport public.»

Il existe aujourd’hui douze sociétés coopératives de transport qui opèrent dans toutes les régions de l’île. Elles occupent environ 40% du secteur avec 800 sur un total de 2100 autobus. Ses membres que sont les propriétaires des autobus élisent tous les deux ans un comité directeur pour gérer les affaires et veiller au bon fonctionnement de la société. Chaque propriétaire garde ses revenus pour lui et y effectue ses propres dépenses – entretien, frais de garage et carburants et salaires des employés. Il contribue, cependant, une certaine somme au budget de la société qui emploie, elle, une vingtaine de personnes.

«Nous sommes maintenant plus structurés et plus organisés qu’avant. Il y a la discipline et la rigueur. Le service que nous offrons aujourd’hui ne peut être comparé à celui que nous offrions au début. Il a beaucoup amélioré. »

Dharamjeet Bucktowar, un ancien de la Mauritius Cooperative Union, est d’avis que les coopératives de transport ont résolu le problème de transport public à Maurice, mieux que les compagnies privées.

«S’il n’y avait pas ces autobus, les gens se rendraient tard à leur travail et rentreraient aussi très tard chez eux. Ces sociétés ont facilité énormément le transport des étudiants, tout en créant beaucoup d’emplois. »

Le public voyageur apprécie le service que lui rendent ces sociétés coopératives mais il déplore la qualité du service offert. Géraldine voyage tous les jours du sud de l’île vers la capitale.

Des passagers s’apprêtant à s’embarquer dans un autobus d'une coopérative, Gare Victoria, Port-Louis
A la Gare Victoria de Port-LouisImage : Nasseem Ackbarally

«Pendant un long moment, il n’y avait que les autobus individuels (coopératives) qui desservaient cette région. Il faut reconnaitre que quelque fois le service laisse à désirer. Des fois, les autobus ne viennent pas ; lorsqu’ils tombent en panne il n’y a pas d’autres pour les remplacer et il n’y a pas d’heure fixe. Mais de manière générale, on peut dire que ça aide beaucoup parce que s’il n’y avait pas ce service, ça aurait été très difficile pour les habitants du sud de se déplacer.»
 

Qu’importent les doléances, le public voyageur s’est habitué maintenant à ces sociétés coopératives de transport qui continuent de grandir et de desservir des nouvelles routes dans l’île.

Auteur: Nasseem Ackbarally
Edition: Sandrine Blanchard