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Mieux apprendre les langues étrangères

Anne-Julie Martin14 mai 2007

L’Institut franco-allemand de Ludwisburg a lancé il y a trois ans un projet pour soutenir l’enseignement bilingue. A l’occasion de la sortie d’une étude sur les évolutions et les perspectives de cette forme d’enseignement ; professeurs, spécialistes et élèves se sont réunis à Bonn pour une conférence-bilan.

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Image : dpa

Atmo

Une cinquantaine de chanteurs, hauts comme trois pommes, ouvrent avec grâce la conférence de Bonn. Ils y mettent tout leur cœur. Difficile de croire que ces écoliers sont allemands, leur prononciation du français est parfaite.

C’est dès le plus jeune âge que l’apprentissage d’une langue étrangère est conseillé. Si en France, les cours d’allemand sont de plus en plus désertés, la langue de Molière connaît toujours un certain succès en Allemagne, notamment dans à l’ouest et au sud du pays. Les statistiques fédérales montrent même un saut de plus de 4% entre l’année 2005 et l’année 2006. Le nombre d’élèves qui étudient le français approche les deux millions. Mais ici, on a décidé qu’il valait mieux prévenir que guérir. Car après l’anglais, c’est maintenant la montée de l’espagnol qui « menace ». Annemarie Schoeller est professeur de français au lycée Emil-Fischer, à Euskirchen :

« Vous savez, en Allemagne, on dit qu’il y a dix-sept ‘Bundesländer’ (les régions allemandes), le dix-septième ‘Bundesland’ c’est Mallorque. Les Allemands vont beaucoup en vacances en Espagne, donc aux Baléares. Les vacances, le soleil, le tourisme de masse, la musique aussi, attirent les jeunes. »

Mais pour encourager l’apprentissage du français, il faut aller plus loin qu’un simple cours de langue quelques heures par semaines. C’est pourquoi l’Institut franco-allemand de Ludwisburg a décidé d’aider les lycées bilingues. Ces lycées où les cours de géographie, d’histoire et de civilisation sont assurés dans les deux langues. On en compte actuellement environ quatre-vingt en Allemagne. Le projet est axé sur deux objectifs principaux : mieux approvisionner ces établissements en matériel pédagogique et permettre une meilleure interconnexion les uns avec les autres. Sebastian Nix est responsable de la bibliothèque de l’institut et dirige ce dit projet :

« Le français est toujours l’enseignement qui arrive en deuxième place, directement après l’anglais. La situation est encore bonne. Mais il y a déjà de petits indicateurs qui permettent de voir qu’il y a quand même un certain recul du français. Par exemple, les élèves qui s’approchent de la terminale en Allemagne, ont la possibilité de supprimer certaines langues étrangères. Et le français, souvent, est victime de cette décision. Surtout parce qu’on est en train de réduire un petit peu la durée de la scolarité. Au lycée, il y a seulement huit années maintenant, et non plus neuf ».

Le contexte d’une Europe élargie à vingt-sept pays membres appelle à redéfinir le rôle moteur du couple franco-allemand. Et on peut s’attendre également à des changements dans le domaine linguistique, comme le note Sebastian Nix :

« Pour les langues, là je suis quand même un peu hésitant. La situation des langues est difficile, vous l’avez entendu dans le cadre de la discussion. On se pose même la question de savoir si l’allemand pourrait encore servir de langue officielle au sein de l’Union Européenne. Avec chaque Etat-membre, ce sera encore plus difficile. Parce que bien sûr il y a plus de vingt langues dans les pays européens, il faut donc trouver une lingua franca. C’est-à-dire moi, personnellement, je serais plutôt pessimiste ».

Si l’allemand n’est pas destiné à tenir la place d’une langue véhiculaire au niveau des Etats, elle peut néanmoins demeurer un moyen de communication et d’échange interculturel entre les citoyens. Les différents intervenants à la conférence de Bonn ont ainsi mis l’accent sur la notion de multilinguisme. A l’heure de l’ouverture des frontières et de la mondialisation, une belle occasion s’offre à la jeunesse de multiplier les langues vivantes et d’enrichir ses relations tant sur le plan professionnel que personnel.