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Le Traité de l'Elysée, modèle de réconciliation

Ralf Bosen / Audrey Parmentier14 janvier 2013

Transformer les ennemis d'hier en amis, c'était l'objectif du traité signé en 1963. La réconciliation franco-allemande pourrait servir de modèle à d'autres pays.

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Le Traité de l'Elysée que, très vite, on surnomma le traité d'amitié franco-allemande, est un pas décisif dans l'histoire des deux pays. Le rapprochement de la France et de l'Allemagne qu'il a induit a transformé les ennemis d'hier en partenaires, les partenaires les plus importants d'Europe. Avec le traité, les deux pays s'engagent à se consulter régulièrement sur les grandes questions de politique étrangère, sécuritaire, culturelle et sur les dossiers concernant la jeunesse. Il prévoit également des rencontres gouvernementales à intervalles réguliers.

La réconciliation a aussi été très importante parce qu'elle a prouvé que l'Europe pouvait vivre en paix, selon Gérard Foussier, éditeur de « Dokumente », le journal du dialogue franco-allemand. Au début des années 1970, certains parlaient encore d'ennemis jurés. « Il a donc été nécessaire qu'au moins deux grands peuples en Europe arrivent à parler non plus d'inimitié héréditaire mais d'amitié et de coopération », explique Gérard Foussier.

Gérard Foussier parle d'une expérience marquante
Gérard Foussier parle d'une expérience marquante

Un modèle de réconciliation

Le développement des relations franco-allemandes est jugé exemplaire. D'autres Etats européens, en particulier des Etats voisins liés par un conflit historique, font régulièrement référence au caractère modèle de cette réconciliation. Un livre publié par Stefan Seidendorf de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg est consacré à ce thème. Intitulé « Relations franco-allemandes comme modèle d'un ordre de paix ? », il décrit les notions applicables à d'autres conflits et d'autres relations bilatérales.

Selon Stefan Seidendorf, les rencontres régulières décidées par le Traité de l'Elysée, auxquelles des représentants politiques de tous les niveaux doivent participer,constituent des éléments dont d'autres pays peuvent s'inspirer. « Aucun des représentants n'a pu se soustraire à ces rencontres », explique Seidendorf. « Elles ont donc de la valeur aussi en temps de crise quand on préfèrerait ne pas se voir ou s'éviter. » Il y a souvent eu des réunions durant lesquelles on n'avait pas beaucoup de choses à se dire, voire rien du tout. Mais c'était à chaque fois l'occasion de « prendre en compte le point de vue de l'autre, et d'être conscient que derrière la porte, les médias attendent des déclarations. Autrement dit qu'une attente existe, ainsi qu'une certaine pression pour que l'on aboutisse à des compromis et à un accord. »

Dr. Stefan Seidendorf, de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg
Dr. Stefan Seidendorf, de l'Institut franco-allemand de LudwigsburgImage : Deutsch-Französisches Institut
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer font le point sur l'amélioration des relations franco-allemandes à Baden Baden en 1962
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer font le point sur l'amélioration des relations franco-allemandes à Baden Baden en 1962Image : picture alliance / dpa

Miser sur la jeunesse

Cet échange régulier et permanent peut s'appliquer à d'autres pays liés par un conflit latent. Outre la coopération politique, Stefan Seidendorf juge également exemplaire celle qui se fait au niveau de la société civile. Pour lui, le président français Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer, en misant sur la jeunesse comme force motrice, ont été des visionnaires.

Le Traité de l'Elysée prévoyait en effet la création de l'OFAJ, l'Office franco-allemand pour la Jeunesse, qui a vu le jour le 5 juillet 1963 et qui était véritablement tourné vers l'avenir. Il organise chaque année la tenue de milliers de rencontres entre des jeunes des deux peuples. Depuis sa création, l'OFAJ a permis à environ 8 millions de jeunes Allemands et de jeunes Français de participer à quelque 300 000 programmes d'échange.Selon Stefan Seidendorf, la particularité du traité c'est que l'Office pour la Jeunesse a d'abord été conçu comme une organisation internationale. « Autrement dit avec un statut qui ne dépendait pas des gouvernements nationaux et qu'aucun d'entre eux ne pouvait supprimer. L'Office pour la Jeunesse avait les mêmes droits que les gouvernements, raison pour laquelle il a pu avoir cet effet-là. »

Le mémorial Adenauer de Gaulle à Berlin
Le mémorial Adenauer de Gaulle à BerlinImage : AP

Une expérience modèle

Des obstacles ont dû être surmontés et des préjugés dépassés avant que l'amitié franco-allemande ne se consolide. Gérard Foussier, l'éditeur de « Dokumente »,  parle d'une expérience exemplaire des Allemands et des Français. C'est précisément parce qu'il y a eu ces difficultés que les autres pays peuvent prendre cette amitié comme modèle. « Si nous arrivons à faire passer cette idée, d'autres régions dans le monde pourraient se dire qu'il est temps de réfléchir à la manière dont, par exemple, les Israéliens et les Palestiniens pourraient faire des progrès. »