Mort de Vaclav Havel
18 décembre 2011La chancelière allemande Angela Merkel a rendu hommage dimanche à l'ex-président et dramaturge tchèque Vaclav Havel, un "grand Européen" qui a combattu pour "la liberté et la démocratie". "Son combat pour la liberté et la démocratie était aussi inoubliable que sa grande humanité. Nous les Allemands, nous lui sommes particulièrement redevables", a-t-elle dit.
Son ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a exprimé sa reconnaissance envers Vaclav Havel, "l'âme de la révolution tchèque", qui a aidé à surmonter les divisions de l'Europe de la Guerre froide.
« Peu de gens m'ont autant impressioné que Vaclav Havel », a déclaré pour sa part Hans-Dietrich Genscher, ancien ministre qui avait annoncé le 30 septembre 1989 à l'ambassade allemande à Prague à tous les citoyens de RDA, réfugiés dans celle-ci, qu'ils pouvaient franchir le "rideau de fer" pour s'installer en Allemagne de l'ouest. À l'époque, M. Genscher avait rencontré dans cette même ambassade M. Havel, leader incontestable de l'opposition anti-communiste, qui allait être élu le 29 décembre 1989 à la présidence de la République de son pays.
Une moralité exemplaire
Né le 5 octobre 1936 à Prague dans une famille propriétaire de studios de cinéma et de dizaines d'immeubles dans la capitale, Vaclav Havel fut privé d'études par le régime communiste au nom de la lutte anti-bourgeoise. Avant de devenir icône de la lutte pour la liberté, il s'est fait un grand nom dans les années 1960 grâce à son oeuvre dramatique mêlant théâtre de l'absurde et héritage kafkaïen.
Dans les années 1970, M. Havel entre en dissidence pour rédiger le manifeste de la Charte 77, un vibrant plaidoyer politique pour les droits de l'Homme.
Militant inlassable pour les droits de l'Homme, il a passé cinq ans dans les geôles communistes avant 1989.
Vaclav Havel a été opéré en décembre 1996 d'un cancer du poumon droit. En mars dernier, il a été hospitalisé pour une pneumonie grave, accompagnée de différentes complications. Ces derniers mois, l'ancien président passait la plupart de son temps dans sa maison de campagne de Hradecek, située à 150 km de Prague. Cette maison lui servait de refuge depuis plusieurs dizaines d'années. Sous le communisme, il y recevait ses amis dissidents et y organisait avec sa première épouse Olga décédée en 1996 des concerts et spectacles d'artistes non-conformistes.
Après l'expiration de son mandat en février 2003 et malgré sa santé fragile, il se consacre à la lutte pour les droits de l'Homme à Cuba, au Bélarus, en Birmanie ou en Russie.
« La vie de Vaclav Havel ressemble vraiment à une oeuvre d'art », a écrit à son sujet son compatriote, le romancier Milan Kundera.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Mulaye Abd el Aziz