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Moscou sort du Traité FCE

Aude Gensbittel16 juillet 2007

Vladimir Poutine a finalement mis sa menace à exécution : samedi le président russe a signé un décret qui suspend la participation de Moscou au Traité sur les Forces conventionnelles en Europe. Traité qui limite le déploiement d’armes sur le continent. Cette suspension n’entrera en vigueur qu’au 12 décembre prochain, et la Russie espère bien que dans ce délai, les pays occidentaux accepteront de ratifier une version actualisée du traité, élaborée en 1999 à Istanbul. Ce que l’Otan refuse de faire jusqu’à présent, tant que Moscou n’aura pas retiré ses troupes de Moldavie et de Géorgie. Dans les journaux allemands, on relève une certaine inquiétude face à ce nouveau coup d’éclat du président russe.

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Le président russe Vladimir Poutine
Le président russe Vladimir PoutineImage : AP

La Süddeutsche Zeitung rappelle que le Traité sur les forces conventionnelles en Europe n’est pas un accord de désarmement parmi tant d’autres. Il ne fixe pas seulement des limites pour le nombre de tanks ou d’hélicoptères de combat. Les signatures apposées au bas de ce traité en 1990 ont scellé la fin de la Guerre Froide. S’il devenait caduc, ce serait le début d’une nouvelle ère de méfiance en Europe.

Pour la Frankfuter Allgemeine Zeitung, la suspension du traité par la Russie équivaut à un ultimatum. Les Etats-Unis et l’occident ont à présent 150 jours pour reconsidérer la question. Après quoi, la Russie pourra déplacer ses troupes sur son territoire et stationner des systèmes d’armes conventionnelles, comme elle le veut et où elle le veut. Cela dit, c’est ce qu’elle fait déjà dans le nord du Caucase, soi-disant pour lutter contre le terrorisme en Tchétchénie et aux alentours. Et on peut supposer que la Russie prendrait la liberté de le faire ailleurs si elle le souhaitait. Si Moscou tenait vraiment à la modification du traité, alors les troupes russes auraient depuis longtemps pu se retirer de Géorgie et de Moldavie comme l’exige l’occident.

Vladimir Poutine, qui en aurait douté, ne lance pas des paroles en l’air, écrit die Welt. Et quand ses déclarations n’attirent pas l’attention voulue, il sait se faire insistant. La visite chez son homologue américain, bien qu’elle se soit déroulée dans une atmosphère agréable, n’a rien changé: le président russe ne croit pas aux assurances de Georges W. Bush et conserve ses idées préconçues de l’ennemi. Dans le fait que la nouvelle version du traité sur les forces conventionnelles n’ait pas encore été adoptée, mais aussi dans l’élargissement de l’Otan à l’est et dans le projet américain de bouclier anti-missile, il croit reconnaître une stratégie dirigée contre la Russie.

Enfin la Tageszeitung estime que la Russie aimerait être invitée à la table des grands, et être renforcée dans un rôle qu’elle n’a plus. Mais malgré ses prétentions, même son compte bien rempli de pétrodollars ne suffirait pas au pays pour entamer une nouvelle course à l’armement. De plus Moscou n’agit pas comme une grande puissance, mais plutôt comme un adolescent dont les provocations visent à obtenir l’attention des adultes, pour pouvoir enfin trouver sa propre orientation.