1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Murat Kurnaz accuse

Audrey Parmentier17 octobre 2006

On l’appelle le taliban de Brême. Murat Kurnaz a passé cinq ans en prison. D’abord à Kandahar en Afghanistan puis à Guantanamo. Les Américains l’accusaient en effet d’être membre du réseau terroriste Al Qaida. Ils ont ensuite demandé sa libération, mais il est resté encore quatre ans en détention. Libéré en août dernier, il ne rate aucune occasion de raconter ses années de prison.

https://p.dw.com/p/C75e

„C’était absolument intenable cette petite cage. Il n’y avait pas de toilette, pas d’évier, rien du tout. Ce n’était rien qu’une cage minuscule. »

C’est ainsi que Murat Kurnaz a décrit hier soir dans l’émission de télévision Beckmann les conditions de sa détention dans le camp de Guantanamo. Le jeune Turc à la longue barbe rousse avait été arrêté deux mois auparavant au Pakistan puis vendu aux services secrets américains qui l’ont transféré à Kandahar.

« On nous frappait presque tous les jours. Nous devions rester debout ou assis nus, dans le froid. Nous étions torturés, ils ont utilisé toutes les méthodes possibles et imaginables. »

Electrochocs, menottes, rien ne lui a été épargné. Des tortures infligées par les soldats américains mais aussi par des soldats de la Bundeswehr, l’armée allemande. Deux soldats du KSK, le commando des forces spéciales, se seraient présentés à lui en disant « nous sommes la force allemande » puis ils auraient frappé sa tête contre le sol. A plusieurs reprises.

« Ce n’était pas un interrogatoire. Ils voulaient seulement s’éclater un peu, à mon avis. J’ai été maltraité par ces soldats allemands comme par les Américains. »

Murat Kurnaz affirme aussi avoir subi plusieurs interrogatoires de la part des Allemands. Un de deux jours en 2002 puis un autre deux ans plus tard.

« II était convaincu du fait que j’allais bien. Il m’a dit que j’étais sur une île des Caraïbes et que je devais me détendre. Pour moi, c’était clair qu’il se moquait de moi ! »

Pour l’instant le gouvernement allemand n’a confirmé que l’interrogatoire de 2002. Celui de 2004 de même que les mauvais traitements ont été immédiatement démentis. S’ajoutent à cela des documents apportés par son avocat, qui montrent que les Américains ont proposé sa libération dès 2002. Le gouvernement allemand a-t-il refusé cette libération ? C’est une des questions auxquelles devra répondre la Commission d’enquête sur le BND, les services de renseignements allemands. Murat Kurnaz sera de nouveau appelé à témoigner.