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Naufrage/Lampedusa - Zimbabwe - Soudan

Marie-Ange Pioerron24 octobre 2003

Afropresse à présent, l'Afrique à travers la presse allemande.

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Une fois de plus, une embarcation transportant des réfugiés africains à destination de l'Europe a fait naufrage cette semaine en Méditerranée. Cela s'est passé au large de la petite île italienne de Lampedusa. Il y aurait plus de 70 morts. Un cimetière marin, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, des centaines de morts y sont ensevelis, d'innombrables bateaux de réfugiés ayant déjà sombré à cet endroit. De source officielle, note le journal, de plus en plus de clandestins débarquent depuis quatre ans à Lampedusa : 5 869 pendant les neuf premiers mois de cette année, contre 445 en 2000. Selon les témoignages des survivants, le désespoir a poussé quelque 85 Somaliens à monter à bord d'un vieux bateau de pêche dans une petite localité libyenne proche de la frontière tunisienne. Ils avaient payé 5 000 dollars et étaient partis dans l'espoir d'atteindre en quelques heures le continent européen. Die Welt cite le ministre italien de l'intérieur, qui après ce nouveau drame a parlé d'une honte pour les Européens. Mais souligne Die Welt, cette honte ne doit-elle pas toucher en premier lieu les Etats qui tolèrent une situation telle qu'aucun prix ne semble trop élevé pour y échapper ? Ne doit-elle pas toucher aussi les pays de la rive sud de la Méditerranée d'où est organisée cette traite d'êtres humains dans des conditions inhumaines ?

C'est d'un naufrage au sens figuré que la Frankfurter Rundschau informe ses lecteurs - le naufrage du Zimbabwe dans la misère. Une inflation de 500%, un chômage qui frappe quatre personnes sur cinq, et,selon les prévisions de l'ONU, 5,5 millions de Zimbabwéens qui souffriront prochainement de la faim. Le pays approche de la désintégration économique et aucune initiative n'est en vue pour empêcher la catastrophe. Dans ce contexte le journal se fait l'écho de l'appel lancé à la communauté internationale par le principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique, qui a donné mardi une conférence de presse à Johannesburg. La fermeture, par les autorités, du journal d'opposition Daily News, le doublement du budget de la police secrète, le harcèlement croissant des partisans de l'opposition - tout indique selon le MDC que Mugabe cherche plus son salut dans un durcissement de la répression que dans des négociations avec ses challengers politiques. L'opposition a donc demandé à la communauté internationale d'accroitre ses pressions sur le régime Mugabe et d'envoyer dans le pays des délégations d'observateurs.

La présence, cette semaine, du secrétaire d'Etat américain Colin Powell aux pourparlers de paix inter-soudanais de Naivasha, au Kenya, relance l'espoir d'un point final définitif à 20 années de guerre. La Süddeutsche Zeitung partage cet espoir, même si les choses, concède le journal, n'iront peut-être pas aussi vite que le souhaite Colin Powell. Les Américains, note le journal, ont promis une aide immédiate de 200 à 500 millions de dollars, plus la fin des sanctions, si un accord de paix est signé. Une percée vers la paix dans la plus longue guerre civile d'Afrique serait, à l'heure actuelle précisément, très importante. George Bush pourrait se présenter comme un réconciliateur entre chrétiens et musulmans. Mais poursuit le journal, les progrès réalisés dans les négociations de paix tiennent principalement aux gisements pétroliers, exploités jusqu'à présent par des sociétés de Malaisie et de Chine. Les Etats-Unis aimeraient être, eux aussi, de la partie, mais cela n'est pas possible tant que les sanctions ne sont pas levées. Un accord de paix en revanche profiterait aux Américains, au gouvernement de Khartoum et aux rebelles. Dès à présent Khartoum encaisse bien une partie des recettes pétrolières et finance ainsi sa guerre contre le sud, mais les combats freinent la production. Dans le cas d'un accord de paix, les rebelles de leur côté obtiendraient une partie des bénéfices, mais le montant de cette part précisément a été jusqu'à présent le principal obstacle à la conclusion d'un accord.