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Nicolas Sarkozy mis en examen

22 mars 2018

L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne électorale de 2007.

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Image : reuters

Nicolas Sarkozy dans le viseur de la justice

Après 26 heures de garde à vue, le juge a retenu plusieurs chefs d'accusation contre Nicolas Sarkozy: "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens".

"Depuis le 11 mars 2011, je vis l'enfer de cette calomnie", a t-il déclaré aux magistrats. Des propos repris par Le Figaro sur son site internet.

"J'ai perdu l'élection présidentielle de 2012 à 1,5% (face à François Hollande, ndlr). La polémique lancée par Kadhafi et ses sbires m'a coûté ce point et demi", a ajouté, l’ex chef de l’Etat.

Dans le droit français, la corruption passive, c’est le fait d’avoir reçu des fonds de quelqu’un qui cherche à vous corrompre pour en retirer un avantage quelconque. 

Dans le cas d’espèce, la justice accuse Nicolas Sarkozy d’avoir accepté des fonds de Mouammar Kadhafi qui lui ont permis de financer sa campagne électorale en 2007 vers l’Elysée. Un acte prohibé par la loi française. 

En contrepartie, l’ex-président français se serait engagé à aider la Libye, isolé diplomatiquement, à revenir sur le banc de la communauté internationale. C’est pourquoi, le juge en charge de cette affaire considère que Nicolas Sarkozy a détenu personnellement et donc illégalement de l’argent qui venait de la Libye : le recel de fonds publics.

Jusqu’où peut aller ce feuilleton judiciaire?

Plusieurs analystes apprécient le courage et la ténacité des juges français. Mais, maître Marian Maud, avocate au barreau de Paris, ne se fait pas d’illusion.

"C’est l’usage de nos hommes politiques, lorsqu’ils sont poursuivis pour des choses très graves. Ils sont sous contrôle judiciaire. Ça veut dire qu’ils ne sont pas mis en détention provisoire. Ce qui serait le cas pour la plupart de nos citoyens pour des faits qui ne sont peut-être pas, j’allais dire, aussi répréhensibles. Donc, souvent, ces affaires traînent, trois ans, quatre ans, cinq ans, dix ans. Nicolas Sarkozy encourt en tout cas dix ans de prison. Ça c’est évident. Mais je ne pense pas qu’il ira en prison", a expliqué l’avocate à la DW.

La défense de Nicolas Sarkozy

Lors de sa garde à vue, l’ancien président a relevé, les nombreuses incohérences proférées selon lui par  l’homme d'affaires franco-libanais.

Ziad Takieddine qui s’est dédit à plusieurs reprises a en effet affirmé avoir remis à Nicolas Sarkozy et à son directeur de cabinet de l’époque, Claude Guéant, trois valises contenant cinq millions d’euros, entre 2006 et 2007. 

"À propos de M. Takieddine, je voudrais vous rappeler qu'il ne justifie durant cette période 2005-2011 d'aucun rendez-vous avec moi", se défend l'ancien président qui ajoute : "pendant les 24 heures de ma garde à vue, j'ai essayé avec toute la force de conviction qui est la mienne de montrer que les indices graves et concordants qui sont la condition de la mise en examen n'existaient pas compte tenu de la fragilité du document ayant fait l'objet d'une enquête judiciaire et compte tenu des caractéristiques hautement suspectes et du passé lourdement chargé de M. Takieddine".

Et Nicolas Sarkozy de conclure : "les faits dont on me suspecte sont graves, j'en ai conscience. Mais si, comme je ne cesse de le proclamer avec la plus totale constance et la plus grande énergie, si c'est une manipulation du dictateur Kadhafi ou de sa bande, ou de ses affidés (...) alors je demande aux magistrats que vous êtes de mesurer la profondeur, la gravité, la violence de l'injustice qui me serait faite."

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona