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Nigéria - Kenya - Zimbabwe

Marie-Ange Pioerron14 novembre 2003

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

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La presse allemande consacre cette semaine deux dossiers à la corruption en Afrique. Le premier concerne le Nigéria. Les propos tenus récemment à Berlin par le président Olusegun Obasanjo font titrer à la Tageszeitung que le Nigéria veut une industrie pétrolière transparente. Le pays le plus corrompu du monde veut devenir un pionnier de la lutte contre la corruption. Comment ? Eh bien par exemple, note le journal, en étant le premier grand pays producteur de pétrole à se rallier à une initiative internationale appelée « Publish what you pay » (Publiez ce que vous payez) - une initiative lancée en juin 2002 par le milliardaire américain George Soros et appuyée par de nombreuses organisations non gouvernementales qui y voient un moyen de combattre la corruption et l'opacité dans l'industrie pétrolière. Elle appelle en effet à une réglementation internationale contraignant toutes les sociétés pétrolières à divulguer la totalité de leurs transactions financières. Cela dit, poursuit le journal, le président Obasanjo a aussi critiqué la complicité des nations industrielles dans la corruption au Nigéria. L'hebdomadaire Die Zeit se penche quant à lui sur la lutte contre la corruption au Kenya, et nous présente l'homme qui la dirige au sein du gouvernement : John Githongo, un ancien journaliste qui figurait parmi les détracteurs les plus virulents de l'ancien régime et qui a monté à Nairobi la section kenyane de Transparency International. La corruption, dit-il, est l'un des pires obstacles au développement, elle coûte chaque année au Kenya plus d'un milliard d'euros. Les choses commencent à bouger. Une loi anti-corruption a été votée par le parlement, de hauts dignitaires ont été limogés. Mais nous n'en sommes qu'au début, concède John Githongo. Les bailleurs de fonds se font une idée trop simple de notre tâche, ils connaissent trop peu les réalités africaines.

Un autre journal revient sur l'une des facettes les plus sombres de ces réalités africaines - c'est la déchéance du Zimbabwe. La Süddeutsche Zeitung évoque dans un long article les pénuries en tout genre qui accablent la population zimbabwéenne. Le Zimbabwe manque de tout, écrit le journal, sauf de rumeurs. Toutes ont le même message : le président Mugabe quittera bientôt le pouvoir. Peut-être dès le prochain congrès de son parti, la ZANU-PF, en décembre, peut-être aussi dans quelques mois seulement. Une chose est sûre : le gouvernement et l'opposition négocient, mais dans le plus grand secret. Les deux parties démentent donc ces rencontres. La perspective du retrait du vieux dictateur est le seul espoir qui reste à la population, souligne le journal. Jamais le pays n'a connu une situation aussi grave. Officiellement le taux d'inflation est de 455%. En réalité il devrait dépasser les 1000%. Quant au chômage il touche 70% des actifs. La clique de Mugabe, poursuit le journal, n'en continue pas moins de piller les caisses de l'Etat. Un exemple : depuis plus d'un an, il n'y a plus une seule goutte d'essence dans les stations Esso et Shell du pays. A présent on peut de nouveau trouver de l'essence dans les stations-services de deux chaînes, Country Petrol et Comoil, qui appartiennent à des membres de la ZANU-PF. Ils ont obtenu le droit d'acheter l'essence au prix fixé par l'Etat, pour la revendre au prix du marché - ce qui garantit d'énormes bénéfices.
Enfin je vous avais parlé la semaine dernière de ce projet de la commission européenne, qui veut financer, à partir du Fonds européen de développement, la mise sur pied d'une force africaine de paix. Heidemarie Wieczorek-Zeul, la ministre allemande de la Coopération, explique cette semaine dans la Frankfurter Rundschau pourquoi elle rejette un tel projet. Non pas l'idée d'une force africaine, qu'elle trouve excellente, mais la mise à contribution du Fonds européen de développement, qui risque selon elle de devenir une vache à lait pour des tâches que l'Union européenne veut certes assumer, mais auxquelles elle ne veut pas allouer de ressources supplémentaires.