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Non au démantèlement social

Christophe LASCOMBES5 avril 2004

En ce début de semaine, les commentateurs de la presse allemande reviennent sur les manifestations organisées samedi dans le cadre de la journée de lutte pour la sauvegarde du système social européen.

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Près d'un demi-million de personnes dans les rues en Allemagne ce week-end pour protester contre les réformes sociales du SPD
Près d'un demi-million de personnes dans les rues en Allemagne ce week-end pour protester contre les réformes sociales du SPDImage : AP

Pour la Süddeutsche Zeitung, l’opinion publique européenne n’a pas de stylo à plume d’or pour signer sa constitution, elle préfère arborer des calicots. Cette opinion publique ne fait aucune déclaration diplomatique, elle scande ses slogans. Même si elle ne parle pas partout la même langue, elle n’a pas besoin de traducteurs car son message est partout identique : elle lutte contre une politique de réformes qu’elle considère comme unilatérale et injuste. Elle refuse la subordination radicale de la politique aux lois de l’économie et exprime son malaise devant un capitalisme sauvage qui dévore les emplois et déchire la société.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, les manifestations du week-end sont un signal clair lancé à l’adresse de ceux qui gouvernent. Si cette politique antisociale n’arrête pas, nous reviendrons, menacent les syndicats, refusant désormais toute alliance avec le SPD sur la base du fameux Agenda 2010 de Gerhard Schröder.

Pour la Frankfurter Rundschau, avec presque un demi-million de personnes dans toute l’Allemagne, il s’agit là du retour des syndicats sur la scène politique. Toutefois, avertit le journal, les fonctionnaires de l’IG-Metall ou de Verdi ne doivent pas se faire d’illusions : les problèmes structurels demeurent. Le chômage n’est pas le seul responsable de la désaffection des travailleurs pour le syndicalisme. Ce sont surtout les rituels sans vie, le fonctionnariat pesant des structures syndicales et leur rhétorique en forme de langue de bois qui les rebute.

Pour die Welt enfin, la légitimité des politiques de réformes suivies dans les états sociaux d’Europe se perd dans la litanie monotone de leur justification par des facteurs et circonstances démographiques et conjoncturels. Ce processus de modernisation manque cruellement d’un objectif, voire d’un modèle attrayant de société européenne dans le contexte de la globalisation. En fait, poursuit le journal, un gouvernement social-démocrate serait prédestiné à ôter aux Allemands leurs craintes devant des changements dont la plupart des participants aux manifestations de ce week-end voient malgré tout la nécessité. Pourtant, la coalition rouge-verte ne sait toujours pas démontrer sa capacité de gouvernance en donnant une signification perceptible par tous à sa politique de réformes. Gouvernement et peuple ne se comprennent plus, l’opposition profite du malentendu pour engranger des victoires ponctuelles et le résultat est la perte du sens des réalités politiques, conclut le journal.