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Nouvelle donne politique en Ukraine?

Sandrine Blanchard28 mars 2006

Deux jours après les élections législatives, le dépouillement avance lentement en Ukraine. Les premiers résultats annoncent cependant la victoire du parti de l’ex-premier ministre pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Il devance le bloc mené par Ioulia Timochenko, icône de la « Révolution orange », qui a rejoint l’opposition après ses différends avec le président Iouchtchenko. La formation du président n’arrive qu’à la troisième place. Une première rencontre est prévue dans la journée entre le président et les vainqueurs du scrutin, en vue des tractations sur la formation d’un nouveau gouvernement.

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Des partisans de Ioulia Timochenko
Des partisans de Ioulia TimochenkoImage : AP

« Victoire orange », peut-on lire en Une de la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La FAZ estime en effet que le déroulement même du scrutin est une avancée pour le pays. La révolution de fin 2004 n’avait pas pour objectif de conduire des partis ou des personnes au pouvoir, mais bel et bien d’introduire des principes démocratiques dans le pays.

La tageszeitung envisage deux scénarios possibles : soit les protagonistes de la Révolution orange se réconcilient, soit l’Ukraine est dirigée par une grande coalition. La taz estime que ces premières élections depuis la révolution de l’automne 2004 lancent un défi nouveau aux députés. Ceux-ci seront appelés, pour la première fois, à élire le nouveau gouvernement, en vertu d’une modification de la constitution entrée en vigueur au 1er janvier 2006. Le bloc de Ioulia Timochenko pourrait refaire alliance avec le camp présidentiel, mais le journal rappelle que la belle « Lady Iou », comme on l’appelle en Ukraine, ne s’est pas distinguée jusqu’à présent par sa volonté de faire des compromis. C’est pourquoi une autre coalition est envisageable, celle des ennemis jurés d’hier, du bloc Timochenko avec le parti pro-russe de Ianoukovitch, qui ont, rappelle le journal, déjà ratifié un mémorandum de coopération en septembre dernier.

Pour la Süddeutsche Zeitung, l’Ukraine doit saisir la chance qui se présente à elle, de surmonter ses clivages. Le quotidien note qu’une alliance du parti de Ioulia Timochenko avec l’autre leader de la « Révolution orange » donnerait un nouveau souffle aux réformes du président Iouchtchenko, dont le bilan est plutôt mitigé. Non seulement, explique la SZ, parce qu’il s’est lui-même coupé l’herbe sous le pied en se renvoyant son alliée Timochenko, mais aussi parce que le parlement, toujours miné par le népotisme et la corruption de l’ère soviétique, a bloqué de nombreux projets de lois. Le journal rappelle cependant que les différends entre le président en exercice et Ioulia Timochenko sont profonds. Des différends qui ont trait à la réforme du secteur de l’énergie et aux accords gaziers entre Kiev et Moscou, mais aussi à la politique de privatisations, que Ioulia Timochenko entend réviser… au grand dam du président.

La Frankfurter Rundschau résume ainsi la situation : leur premier ménage n’a pas marché, il faut que les acteurs de la « Révolution orange » retentent leur chance, avec de vrais concepts économiques et politiques, en prenant davantage en compte les régions orientales en majorité pro-russes. Car le capital confiance des réformateurs n’est pas inépuisable