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Nouvelle loi contre le travail au noir

Aude Gensbittel7 mai 2004

Le parlement allemand a adopté une loi pour lutter contre le travail au noir, dont le coût représente environ 370 milliards d’euros par an pour les caisses publiques allemandes. Cette loi prévoit de s’attaquer en priorité au travail au noir organisé et criminel plutôt qu’au travail au noir domestique. Une vision du problème très critiquée par l’opposition chrétienne-démocrate, qui préconise de son côté une baisse des impôts et des charges sociales pour rendre plus attrayant le travail légal. Le débat anime également les éditorialistes de la presse allemande de ce matin.

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Il n’y aura finalement pas de police spéciale pour traquer les femmes de ménage illégales, écrit le General Anzeiger de Bonn. Notamment face à la pression de l’opinion publique, le gouvernement a dû mettre la pédale douce et modifier les mesures sévères qu’il prévoyait au départ. Car le projet original donnait au citoyen moyen l’impression que l’État allait faire la chasse aux baby-sitters, aux professeurs de soutien scolaire et aux aides ménagères, au lieu de se consacrer au problème essentiel, à savoir le travail au noir organisé et criminel. Heureusement, la loi qui vient d’être adoptée va dans la bonne direction, conclut le quotidien.

Le journal die Welt parle au contraire d’une loi absurde, qui repose sur une illusion. Le ministre des finances Hans Eichel est persuadé que les mesures adoptées par le Bundestag contre le travail au noir auront d’une part une efficacité fulgurante et d’autre part lui apporteront dès cette année environ un milliard d’euros supplémentaires. Pourtant ni l’un ni l’autre ne risque d’arriver, poursuit le journal de Berlin. Il existe évidemment un travail au noir organisé et criminel, mais il ne représente pas à lui seul 370 milliards d’euros. Le gouvernement ne peut pas imaginer sérieusement que cette somme énorme que coûte le travail au noir repose uniquement sur la criminalité. Dans la grande majorité des cas, conclut le quotidien, s’il y a du travail au noir c’est tout simplement parce que le travail légal coûte trop cher.

Si tout le monde payait bravement ses impôts et ses cotisations sociales, l’État aurait –selon ses propres estimations – quelques centaines de milliards d’euros en plus à sa disposition, écrit le Tagesspiegel. Et le ministre des finances n’aurait pas besoin de s’inquiéter autant sur les économies à faire. Le problème, poursuit le quotidien de Berlin, c’est que ce raisonnement est très loin de la réalité. Car il n’y a certainement personne qui accepterait de payer le prix fort. Il y aura du travail au noir aussi longtemps que cela sera rentable. Avec les impôts et les charges sociales, les prestations de service deviennent très chères. Si on les contourne, on peut évidemment économiser beaucoup d’argent. Le jour où le prix des prestations de services légales se rapprochera de celui des travailleurs au noir, alors les citoyens se tourneront naturellement vers la solution légale, estime le journal. Mais d’ici là ,le travail au noir reste une échappatoire face à l’intransigeance de l’État. Et ce n’est pas une nouvelle loi qui va changer les choses.