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Nouvelle précarité sociale en Allemagne

Aude Gensbittel17 octobre 2006

Les journaux se font l’écho du grand débat en Allemagne sur une nouvelle forme de pauvreté qui touche le pays. Une récente étude de la fondation Friedrich Ebert a révélé que 8% de la population, soit plus de six millions de personnes, vivent aujourd’hui dans une grande précarité : faibles revenus, endettement, chômage, faible niveau d’éducation… Kurt Beck, le président du SPD, le parti social-démocrate, a parlé d’une « sous-classe » de la société, non seulement victime d’une situation matérielle très difficile, mais aussi résignée à son sort et ayant perdu tout espoir. Dans la classe politique allemande, les différents camps se renvoient à présent la responsabilité de ce phénomène.

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Pour la Hanoversche Allgemeine Zeitung, l’étude de la fondation Friedrich Ebert est plus qu’un rapport sur la pauvreté qui existe en Allemagne, elle donne un aperçu consternant des défaillances et des tabous de ce pays. Elle fait pressentir l’ampleur du clivage de la société. Un clivage dont la classe politique ne veut généralement rien savoir, et qui n’est pas seulement matériel mais aussi culturel.

Le SPD a découvert qu’il existe dans le pays une nouvelle classe de démunis, écrit la Tageszeitung. C’est déjà bien qu’il y ait une prise de conscience. Car il existe une frange de la société complètement exclue, qui n’a aucune chance de trouver du travail ou de gravir l’échelle sociale. Et cela plus à l’est qu’à l’ouest. La société ouest-allemande se croyait égalitaire et pensait qu’elle permettait l’avancée sociale. Mais cela s’avère être une erreur depuis longtemps. L’Allemagne de 2006, contrairement à d’autres pays européens, est devenue une société où les classes sont fermement ancrées. Quand on est tout en bas, on y reste.

Pour la Süddeutsche Zeitung, il est clair qu’une société sans véritable politique sociale s’effondrerait. Mais cette politique sociale doit être plus efficace, aussi dans l’intérêt des personnes concernées. C’est une bonne chose de se montrer ferme avec les bénéficiaires des allocations sociales qui refusent de travailler, affirme le journal. Non pas que ce soit le cas de la plupart des chômeurs. Mais cela permettrait de concentrer les moyens pour ceux qui sont dans le besoin, et aussi de montrer aux chercheurs d’emploi qu’ils ont une obligation vis-à-vis des contribuables qui versent des cotisations. D’autre part, il faut rapidement faire quelque chose dans le domaine de l’éducation, aussi bien dans les jardins d’enfants et les écoles qu’au-delà. Mais l’accroissement de cette « sous-classe » reste avant tout un problème de politique économique. Le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale reste encore des emplois sûrs. Et ce n’est pas l’Etat qui les crée, mais une économie dynamique.