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Oettinger toujours sur la sellette

Yann Durand17 avril 2007

« Je retire mes propos et je les regrette.» c’est ainsi que Günter Oettinger a présenté ses excuses lundi sur la demande péremptoire de la chancelière Angela Merkel . Il avait, lors de son éloge funèbre, minimisé le rôle de son prédécesseur au poste de Ministre-président du Bade-Wurtemberg, le juge Hans Filbinger. D’aucuns jugent cependant insuffisant cette mise au point qui intervient après maintes tergiversations. La presse allemande s’en fait l’écho.

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Günter Oettinger sous pression. Certains demandent la démission du ministre-président du Bade-Wurtemberg
Günter Oettinger sous pression. Certains demandent la démission du ministre-président du Bade-WurtembergImage : AP

Il ne s’agit pas de n’importe qui. L’état-région qu’il dirige compte parmi les plus stables de la République, économiquement et socialement. Un Land dominé par la CDU depuis la nuit des temps. Selon le quotidien Die Welt, cela explique qu’une erreur, somme toute bénigne, du ministre-président prenne autant d’importance pour se transformer en un véritable scandale. Oettinger porte ainsi préjudice à sa région, à son parti et à lui-même.

Il y a beaucoup de raisons de s’étonner du processus dans son ensemble. Premièrement, énumère la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la façon éléphantesque dont un politicien de premier plan à piétiné l’Histoire allemande et celle de son parti. Puis la mauvaise excuse incriminant l’incompétence d’un conseiller : Si Oettinger n’avait pas su ce qu’il disait, il aurait été purement et simplement discrédité pour toute fonction de haut rang. Enfin, le quotidien juge politiquement trouble et dépourvue d’instinct la stratégie de défense adoptée : Oettinger a nié ce que personne ne lui avait reproché : à savoir qu’il ait voulu minimiser le régime hitlérien.

Il est logique qu’Oettinger ait reçu un savon justement de la part de Merkel, estime la Süddeutsche Zeitung. La femme de l’est n’a effectivement pas vécu le conflit permanent ouest allemand autour des crimes des pères et de l’arrogance des fils. Pour elle il est évident que Filbinger n’était pas un opposant au régime nazi. En revanche l’éloge prononcer par Oettinger s’inscrit dans une longue polémique dont la dernière révélation concerne le passé SS de Günter Grass.

La manière dont Günter Oettinger s’est exprimé à plusieurs reprises ces derniers jours est impardonnable, condamne la Tageszeitung de Berlin. La prise de distance vis-à-vis de lui-même à laquelle il s’est résolu hier n’y change rien. Elle intervient trop tard et n’est pas crédible. Par conséquent, déduit la Taz, exiger la démission du ministre président reste encore justifié. Cependant seul le conseil central des juifs l’a pour instant vraiment formulé. La plupart des autres détracteurs lui ont laissé une porte de sortie dans laquelle Oettinger s’est engouffré. C’est triste, déplore le journal qui souhaiterait que ces collègues indépendamment de leur appartenance politique condamnent le ministre-président. Et d’ajouter que c’est peu probable d’autant que l’opinion publique se fatigue vite de telles discussions.