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Percée des islamistes en Egypte

4 décembre 2011

Avec un total de 65% des voix, les partis islamistes égyptiens sont les grands vainqueurs de cette première phase du scrutin législatif. Un résultat qui inquiète à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

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Muslim Brotherhood students hold a copy of the Quran during a protest at the al-Azhar university in Cairo, Egypt, Wednesday, April 16, 2008. Thousands of Muslim Brotherhood students in two Egyptian universities demonstrated Wednesday against the jailing of 25 members of the group for membership of an outlawed organization and anti-government activities. (AP Photo/Hossam Ali)
Les Frères musulmans sont les grands vainqueurs avec plus de 35% des voixImage : AP

Les islamistes en Egypte ont été officiellement proclamés vainqueurs du premier tour des élections post-Moubarak avec un total de 65% des voix. Selon la Haute commission électorale, le parti Liberté et Justice formé par la confrérie des Frères musulmans remporte 36,6% des voix. Ils devancent ainsi les salafistes du parti Al-Nour avec 24,3% et le Bloc égyptien, c'est-à-dire les libéraux, avec 13%. Ces derniers sont les grands perdants de ce premier tour organisé lundi 28 novembre dans un tiers des gouvernorats, notamment au Caire et à Alexandrie. Une troisième liste islamiste, celle du Wassat, plus modéré, remporte 4,3% des suffrages. Les islamistes espèrent bien améliorer leurs scores lors du deuxième tour prévu lundi 5 décembre pour renforcer leur domination dans le futur Parlement.

A woman covers her face with Egyptian flag as she attends a protest in Tahrir Square, in Cairo, Egypt, Friday, Dec. 2, 2011. Islamists appear to have taken a strong majority of seats in the first round of Egypt's first parliamentary vote since Hosni Mubarak's ouster, a trend that if confirmed would give religious parties a popular mandate in the struggle to win control from the ruling military and ultimately reshape a key U.S. ally. (Foto:Khalil Hamra/AP/dapd)
Le salafiste Hazem Abou Ismaïl a estimé qu'il fallait "créer un climat pour faciliter" le port du voileImage : dapd

"Un islam modéré"

La grande surprise de ce scrutin reste la percée des salafistes, ces fondamentalistes musulmans, desquels les Frères musulmans entendent se démarquer. Forts de leur succès dans les urnes, les salafistes ont en effet multiplié les déclarations en faveur d'un islam rigoriste : mise en valeur du port du voile, condamnation de l'alcool et de la mixité au travail, etc. La confrérie des Frères musulmans a de son côté cherché à rassurer qu'elle se réclamait d'un islam centriste et modéré. Le porte-parole officiel des Frères musulmans, Essam Al Eryan, a promis qu'il « coopérerait avec le Parlement, le gouvernement, le peuple, les militaires et la police ». « Notre objectif est de reconstruire ce pays », a-t-il ajouté. La confrérie a pour l'instant refusé de s'exprimer sur une possible alliance avec les salafistes.

Demonstranten protestieren am Mittwoch (30.11.11) in Tahrir Platz in Kairo, Aegypten. Grosse Hoffnungen ruhten auf diesen ersten Wahlen nach dem Sturz Husni Mubaraks: Ein Meilenstein sollten sie sein und nach Jahrzehnten der Diktatur eine demokratische Aera einlaeuten. Doch stattdessen ist die Abstimmung schon jetzt ueberschattet von Aufruhr auf den Strassen; die Bevoelkerung ist tief gespalten und unsicher, wohin Aegypten steuert. (zu dapd-Text) Foto: Maja Hitij/dapd
Les manifestants occupent toujours la place Tahrir pour protester contre le pouvoir militaireImage : dapd

Une victoire qui fait peur

Pour l'instant, l'objectif est de rassurer les militants démocrates de la place Tahrir, comme ce manifestant qui a déclaré : « Une chose est sûre : ils ont gagné ! Mais nous avons peur que les islamistes ne veulent en réalité pas de démocratie. » Les manifestants démocrates continuent d'ailleurs de se rassembler au Caire pour réclamer le départ du pouvoir militaire. Ils contestent toujours le nouveau Premier ministre Kamal el-Ganzouri. Celui-ci a annoncé que le nouveau gouvernement de transition pourrait être investi d'ici à mercredi.

Dans les pays voisins, le Hamas palestinien, au pouvoir dans la bande de Gaza, s'est félicité de cette percée des islamistes égyptiens, alors que les dirigeants israéliens se sont déjà alarmés de cette vague islamiste, qui pourrait être lourde de menace pour la région.

Le taux de participation de ce premier tour des législatives est de 62% - un taux historique "jamais vu depuis les pharaons", selon Abdel Moez Ibrahim, président de la Haute commission électorale. Cette instance a précisé qu'elle n'annoncerait le nombre de sièges attribués à chaque liste qu'à la fin des élections de l'Assemblée du peuple le 10 janvier 2012. Le cycle électoral se poursuivra ensuite jusqu'en mars avec l'élection de la Choura, la chambre haute consultative.

Auteur : Cécile Leclerc avec AFP, Reuters, dpa
Edition : Moulay Abdel Aziz