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Peter Hartz mis en examen

Anne Le Touzé16 novembre 2006

La mise en examen de Peter Hartz, l’ancien directeur des ressources humaines de Volkswagen, fait la Une des journaux allemands. Peter Hartz avait démissionné l’an dernier de son poste chez le plus gros constructeur automobile européen, après avoir été accusé d’avoir versé des pots-de-vin d’un montant total de 2 millions et demi d’euros, pour assurer la paix sociale dans l’entreprise. Peter Hartz est également celui qui a donné son nom à la réforme du système d’assurance chômage engagée sous le gouvernement de l’ancien chancelier Schröder…

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On commence par la Sächsische Zeitung, de Dresde, qui constate que le manager Peter Hartz, membre du parti social-démocrate et syndicaliste, avait l’habitude de gratifier les représentants du personnel, également membres du SPD et syndicalistes, d’argent liquide, de voyages de luxe, de soirées arrosées avec prostituées à la clé. En contrepartie, il n’y avait ni grève, ni revendications salariales trop élevées de la part du personnel travaillant à la chaîne ou dans les bureaux. Sans souci du monde extérieur ni du lendemain. Et c’est comme ça qu’aujourd’hui, poursuit le journal, les clients traditionnels de Volkswagen achètent en masse des voitures françaises, japonaises ou coréennes moins chères. Et que dans le biotope de l’usine, de la chaîne aux bureaux, chacun se défie de ses collègues.

Pour la Süddeutsche Zeitung, l’affaire Hartz ne nuit pas seulement considérablement à l’image de Volkswagen. Elle a également des répercussions plus générales sur la réputation de la classe des cadres dirigeants. Les pires spéculations de l’opinion publique sur les activités des managers ont été largement dépassées. Quant aux réformes sociales auxquelles Peter Hartz a donné son nom, elles resteront entachées de ce patronyme. Ce qu’il sera intéressant d’observer, estime le journal, c’est si Peter Hartz continuera d’assumer tout seul sa responsabilité lors de son procès, ou bien s’il se souviendra tout à coup avoir agi pour le compte de quelqu’un…

Ce qui intéressera particulièrement la Frankfurter Allgemeine Zeitung dans ce procès, ce sera la façon dont s’y prendra la justice pour juger le délit jusqu’ici méconnu de traitement de faveur envers un comité d’entreprise. Et comment les juges mettront ce délit en relation avec le délit bien plus populaire d’abus de confiance, qui est en ce moment également au cœur du procès Mannesmann.

Le procès, écrit enfin Die Welt, montrera en tout cas que le « modèle Volkswagen », de partenariat social tant porté aux nues, était en réalité construit sur une base mouvante. On ne peut que sourire amèrement en se souvenant qu’il y a tout juste quatre ans, Peter Hartz était célébré comme le « pro de la nation », en passe de vaincre le fléau du chômage.

Et Volkswagen n’est pas le seul gros groupe à être dans le collimateur de la justice allemande. Hier, une trentaine de bureaux de Siemens ont été perquisitionnés, dont le siège du groupe à Munich, également sur des soupçons de corruption.