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Petra Heinicke, avocate

8 juin 2010

Son principal outil de travail est un dictaphone. Dans ce petit boitier, Petra Heinicke s’enregistre, dans un allemand juridique incompréhensible. Mais derrière ce jargon se joue le destin bien réel de ses clients.

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Petra Heinicke

Le soleil inonde de lumière le cabinet de Petra Heinicke, situé à quelques minutes à pied de Karlsplatz à Munich, l’une des plus grandes places de la capitale bavaroise. Cheveux blonds et courts, yeux bleus, l’avocate de 50 ans est assise à son bureau, un dictaphone dans la main, et enregistre une lettre : « … Je reviens sur l’entretien que nous avons eu la semaine dernière et vous transmets les notes qui l’accompagnent. Point… »

Le langage que l’avocate emploie paraîtra des plus arides et des plus abstraits au commun des mortels. Mais pour Petra Heinicke, le vocabulaire juridique renvoie d’abord à la simple réalité : la vie de ses clients. Des ouvriers, des infirmières, des boulangers, ou encore des managers, venus solliciter ses services.

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Le bureau de Petra HeinickeImage : DW

Le goût de la logique

La discrétion est le premier commandement d’un avocat. Petra Heinicke n’a donc pas le droit de parler des cas concrets dont elle s’occupe. Elle explique plutôt ce qui la fascine dans son travail : « Quand j’achète un journal en kiosque, je ne pense pas vraiment à son processus de production. Mais si vous rencontrez les employés d’un journal, des journalistes, des imprimeurs ou des livreurs, alors vous découvrez de nouvelles facettes de la réalité. »

Dès le lycée, Petra Heinicke s’intéresse aux raisonnements logiques. Elle s’engage alors dans des études de droit. Le hasard veut que son premier employeur soit spécialisé dans le droit du tourisme. Depuis plus de 20 ans, elle défend des tour-opérateurs, rédige les conditions générales de vente et examine les textes des catalogues de voyage.

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Petra Heinicke aime profiter des offres culturelles de la villeImage : DW

Avocate corps et âme

Mais le tourisme n’est pas son seul domaine de prédilection. Petra Heinicke s’occupe de plus en plus de droit du travail. Le défi étant de « s’adapter à chaque personne et ne pas dire qu’il s’agit du cinquantième cas de licenciement que l’on traite en un an. Car à l’inverse, pour la personne, c’est le premier licenciement de sa vie ».

Petra Heinicke sait exactement ce que peuvent ressentir les personnes licenciées. Elle-même a déjà perdu son travail. Elle s’est alors réorientée et installée à son compte avec une collègue. Aujourd’hui, elle dirige le cabinet d’avocats et a plusieurs employés, qui ont beaucoup d’estime pour leur chef. « Elle est très sympathique, très engagée dans son travail, et c’est une femme très coriace » affirme un jeune avocat. Une secrétaire ajoute : « C’est une femme objectivement très compétente et très amicale. Sévère, mais juste. »


Des livres, du Bach, de l’ambre

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La collection d'ambreImage : DW

Depuis quelque temps, l’équipe s’est agrandie. « Salut Oskar ! » lance la chef en entrant dans le bureau. Oskar est un chien bâtard au poil brun qu’une employée du cabinet amène au travail tous les jours. Une chance pour Petra Heinicke qui adore les chiens mais n’en a pas chez elle : « Un chien ne serait pas heureux chez moi, car j’ai une vie complètement déréglée. » Dans ce métier, il est difficile de planifier ses journées, affirme l’avocate, qui est aussi engagée bénévolement dans d’autres activités.

Côté vie privée, Petra Heinicke est divorcée, n’a pas d’enfants et vit seule dans son appartement trois pièces. Elle a une grande passion : le verre ambré. Son salon est rempli de ces pièces de couleur jaune. « Je ne pouvais pas passer à côté de ces objets », affirme Petra.

Quand elle est chez elle, l’avocate aime se reposer avec une tasse de thé et de la musique – des concertos de Bach ou du jazz sud-américain. Pour se détendre totalement, elle prendra un bon livre : un policier, un classique ou une biographie. Dans sa bibliothèque, on aperçoit un ouvrage intitulé : « La Justice est une femme ».

Auteur : Roman Goncharenko
Traduction : Aline Ranaivoson
Edition : Anne Le Touzé