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Plus rien ne sera comme avant

22 février 2011

A la Une des journaux aujourd'hui : l'escalade de la violence en Libye et l'attitude délicate de l'Union européenne face au colonel Mouammar Kadhafi.

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Benghazi enterre ses mortsImage : AP

Si les signes ne trompent pas, écrit la Frankfurter Allegmeine Zeitung, Mouammar Kadhafi ne devrait plus rester très longtemps au pouvoir. Des bâtiments gouvernementaux brûlent à Tripoli, la capitale, et on raconte que certaines villes se trouvent déjà partiellement ou complètement aux mains de "rebelles". L'exode des entreprises pétrolières est un autre élément qui permet de mesurer la gravité de la situation, poursuit le quotidien : la Turquie par exemple, qui entretient pourtant de bonne relations avec Tripoli, a déjà rapatrié des centaines de travailleurs. Et qu'en est-il de l'Allemagne qui importe de l'or noir du désert libyen et qui a toujours considéré Mouammar Kadhafi comme un fournisseur sérieux ? Il est clair qu'Européens et Américains vont devoir repenser leur relation avec le nord de l'Afrique. Rien ne pourra plus être comme avant.

Unruhen in Libyen
Manifestaion contre le régime libyen à BerlinImage : picture-alliance/dpa

Bas les masques, titre pour sa part die Welt. Le quotidien rappelle que Kadhafi et son clan familial cleptomane ont constamment fait chanter l'Occident qui a accepté le soi-disant repentir du colonel acheté à coup de contrats juteux. Le tout sous l'indignation très mesurée de l'opinion publique occidentale qui avait finit par accorder au chef d'Etat libyen un statut d'icône pop de bande-dessinée des temps modernes, en raison de ses mises en scène le plus souvent aussi grotesques que cyniques, sans parler des apparitions en costume de bédouin ou en uniforme d'opérette ou de sa pittoresque garde rapprochée d'amazones. Et voilà que cet homme se révèle tout d'un coup être un banal criminel , le chef de bande d'un régime de terreur meurtrier. S'il se trouvait qu'il échappait encore une fois à la colère du peuple qu'il a lui-même pillé, l'Occident n'aura plus d'excuse pour justifier sa complicité.

Bildkombo Unruhen in Lybien EU Außenministerin Catherine Ashton
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a pris son temps pour condamner les violences.Image : AP/dapd

Pour die Tageszeitung, il est clair que ce qui se passe en Libye n'a plus rien à voir avec des atteintes traditionnelles aux droits de l'homme. Le peu d'informations qui nous parviennent depuis ce pays isolé montre que la réaction du régime ne peut être qualifiée que de crime contre l'humanité. Et pourtant, il semble que l'Union européenne soit plus soucieuse de protéger sa frontière méridionnale contre l'immigration clandestine et ses livraisons de pétrole que de défendre les principes démocratiques. Après la Tunisie, l'Egypte et la Libye, plus rien ne sera comme avant, estime le journal berlinois.L'Union européenne a deux possibilités : soit elle cherche à établir un dialogue d'égal à égal avec ses voisins du sud - un vrai partenariat méditeranéen - soit elle risque une rupture totale avec la jeune génération arabe.

Auteur : Konstanze von Kotze
Edition : Sébastien Martineau