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Polémique autour de l'ancienne otage allemande Susanne Osthoff

Aude Gensbittel28 décembre 2005

La presse allemande revient largement sur le cas de l’ancienne otage Susanne Osthoff, libérée après 23 jours de captivité en Irak. Une certaine confusion règne depuis la diffusion d’une interview de l’archéologue allemande par la chaîne de télévision Al-Djazira, interview dans laquelle elle annonce son intention de retourner prochainement en Irak.

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L'archéologue allemande Susanne Osthoff
L'archéologue allemande Susanne OsthoffImage : dpa

Des propos ensuite démentis par Susanne Osthoff dans une interview à la chaîne allemande ZDF – toutefois non diffusée – l’ancienne otage évoque une traduction approximative de ses propos mais affirme que ses projets sont une affaire privée. Quoi qu’il en soit, le gouvernement allemand a appelé Susanne Osthoff à ne retourner en Irak en aucun cas, et l’affaire suscite une grande polémique.

Le ton monte et devient presque menaçant à l’égard de Susanne Osthoff, écrit la Frankfurter Rundschau. Le mécontentement grandit contre celle qui se révèle être une ancienne otage bien encombrante. Imprévisible, ingrate, irresponsable, les jugements de valeur sont vite tombés à l’idée que l’archéologue puisse vouloir retourner en Irak. Et il faudrait ensuite l’aider encore une fois à sortir du pétrin ? Eh bien, pas avec l’argent de nos impôts ! Mais envie ou pas, on y sera tout de même obligé, poursuit le quotidien. Car Susanne Osthoff est une citoyenne allemande. Et contrairement aux touristes enlevés dans le Sahara ou autres aventuriers, ce ne sont pas des vacances qu’elle passe au Proche-Orient. L’Irak est le centre de sa vie privée et professionnellle. Certains peuvent trouver cela irresponsable ou inconscient, mais on ne peut pas la condamner pour autant.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, malgré la grande joie qui a suivi la libération de Susanne Osthoff, il y a maintenant une ombre au tableau. Son comportement est contradictoire et nombre de questions restent sans réponses. Par exemple à propos de ses activités en Irak, de ses sources d’argent, de ses contacts dans le pays et de la mission dont elle se sent investie. Sans ajouter que son refus de revenir en Allemagne, vu de l’extérieur, est bien difficile à comprendre.

Susanne Osthoff est tout à fait libre de choisir l’endroit où il lui plaît de vivre, estime de son côté la Süddeutsche Zeitung, même si c’est à proximité des ravisseurs qui l’ont maintenue en captivité pendant plusieurs semaines et qui ont fait du chantage aux autorités allemandes. En revanche elle ne doit pas s’étonner de voir ses concitoyens se détourner d’elle. L’interview de l’ancienne otage avec la chaîne d’informations Al-Djazira – où elle parle d’un enlèvement politique et non criminel, à des fins humanitaires – a choqué tous ceux qui s’étaient engagés pour sa libération. Pour le journal, son apparition télévisée est presque une invitation à la récidive et met en danger la vie des autres travailleurs humanitaires en Irak. Tous les otages n’auront pas la chance de tomber entre les mains de ravisseurs bien intentionnés qui cherchent simplement à s’enrichir. Dans le contexte terroriste, une prise d’otage équivaut à la capture symbolique d’une nation entière. Visiblement, Susanne Osthoff ne se rend pas compte de l’importance qu’a représenté son enlèvement pour l’Allemagne.