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Polarisation redoutée en Côte d'Ivoire

5 novembre 2010

En Côte d'Ivoire l'on se dirige vers le second tour de l'élection présidentielle. Il est censé mettre un terme à dix années de crise politico-militaire. Mais la presse allemande reste sceptique.

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Dans un bureau de vote à BouakéImage : AP

Personne ne sort triomphant de cette première élection présidentielle libre dans l'histoire de la Côte d'Ivoire, écrit la Tageszeitung. Un second tour opposera le président sortant Laurent Gbagbo et l'opposant Alassane Ouattara. Mais au lieu de la réconciliation espérée en Côte d'Ivoire, c'est une polarisation qui s'annonce une nouvelle fois à l'horizon. Ouattara, premier ministre libéral dans les années 90, passe pour l'instigateur de la rébellion nord-ivoirienne qui entretient d'étroits contacts avec le Burkina Faso et le Mali. Ouattara n'avait pu se présenter aux élections précédentes en raison de son origine prétendument burkinabe. Les partisans de Gbagbo se considèrent comme les représentants de la population ivoirienne véritablement autochtone. Les résultats du premier tour sont l'indice d'une fracture nord-sud entre Ouattara et Gbagbo, souligne la Tageszeitung.

Albino Frauen in Ruyigi Afrika
Au Burundfi aussi les albinos sont menacésImage : picture-alliance/ dpa

Du persécuté au représentant du peuple

D'une élection à l'autre, la presse allemande s'intéresse aussi aux élections générales qui ont eu lieu le 31 octobre en Tanzanie. Et c'est surtout pour mettre en relief une nouveauté tout à fait exceptionnelle: l'élection d'un albinos au parlement. La Süddeutsche Zeitung lui consacre un article en évoquant tout d'abord l'assassinat, dans un village, d'un albinos, qui a été coupé en morceaux sous les yeux de sa femme. Dans certaines régions d'Afrique, rappelle le journal, les membres et les cheveux des albinos passent pour des porte-bonheur. Selon sa taille la peau d'un albinos peut être vendue entre 2 400 et 9 600 dollars. Or, souligne le journal, voilà que dans une région reculée de Tanzanie, où les albinos vivent dangereusement, Salum Khalfani Bar'wani est le premier albinos à être élu au parlement. Cet opposant de 51 ans s'est même imposé contre le candidat du parti au pouvoir. Bar'wani, certes, n'a pas manqué d'être diffamé pendant la campagne électorale. Ses adversaires affirmaient par exemple que les albinos n'absorbent pas suffisamment de vitamine C et donc qu'ils ne peuvent pas penser clairement. Mais comme le constate l'intéressé, les électeurs ont apporté la preuve qu'ils ne croient pas à ces sornettes et qu'ils considèrent les albinos comme des gens tout à fait normaux. Il y a deux ans et demi, note le journal, un albinos était déjà entré au parlement. Mais il n'avait pas été élu. Il avait été nommé par le président Kikwete.

Dossierbild 3 50 Jahre Unabhängigkeit in Afrika
Dakar, 4 avril 2010Image : picture alliance/dpa

"Dé-berliniser" l'Afrique

L'année 2010 approche doucement de la fin. Elle aura été celle du 50ème anniversaire de l'indépendance dans de nombreux pays africains. Et c'est l'occasion pour un journal de Berlin, Neues Deutschland, d'interroger l'historien sénégalais Ibrahima Thioub. Ceux qui connaissent Ibrahima Thioub ne seront pas surpris d'apprendre qu'il dénonce le système néo-colonial perpétué par la France dans ses anciennes colonies. Les sociétés, souligne Ibrahima Thioub, doivent réfléchir à de nouvelles formes institutionnelles qui permettent une véritable participation populaire. Et, pourquoi pas, à d'autres formes de pays que celles fixées par la conférence de Berlin (en 1885 la conférence de Berlin a partagé l'Afrique entre les puissances coloniales européennes). Les frontières héritées de la colonisation n'ont pas empêché les conflits, souligne Ibrahima Thioub.. Elles sont souvent devenues des lignes de front. Il faut "dé-berliniser" l'Afrique. L'historien n'est pas tendre non plus avec les élites africaines. Mon opinion, dit-il, est qu'aucun pays ne peut être colonisé tant que son élite n'est pas battue, et elle ne peut l'être que si, par son comportement, elle perd sa légitimation auprès du peuple. Dans le passé sa participation à l'esclavage a dévasté des sociétés entières. Les gens n'ont plus vu en leurs dirigeants que des voleurs? Cela a-t-il changé? Je n'en suis pas si sûr, ajoute Ibrahima Thioub.

Unabhängigkeitsfeier in Namibia
Avenue de l'Indépendance à WindhoekImage : Katrin Gänsler

Namibie-RDA, une fraternité avortée

La Namibie, elle, n'est indépendante que depuis vingt ans. Et un hebdomadaire allemand évoque cette semaine un chapitre peu connu dans l'histoire qui a précédé cette indépendance. Ce chapitre commence à la fin des années 70. L'Afrique du sud occupe alors la Namibie où elle applique sa politique d'apartheid. L'hebdomadaire Die Zeit relate l'histoire des enfants namibiens envoyés à l'époque en RDA, l'ex-Allemagne de l'est, pour y être formés dans le moule socialiste de la RDA. Paul Shilongo par exemple en a fait partie. En 1977, il a alors deux ans, sa mère part avec lui dans un camp de réfugiés en Angola. Le père rejoint la résistance, la SWAPO. Il commande des troupes à la frontière angolaise jusqu'au jour où il meurt en sautant sur une mine. La mère meurt quelques semaines plus tard dans le camp de réfugiés. Ils sont des centaines à mourir lorsque le 4 mai 1978 l'armée sud-africaine bombarde ce camp. La Swapo, poursuit le journal, demande alors l'aide des pays communistes. La RDA accepte d'accueillir des soldats blessés dans ses hôpitaux. Mais Sam Nujoma veut plus: il demande à la RDA d'accueillir des enfants des camps de réfugiés pour en faire la future élite de la Namibie. Plus de 400 enfants, pour la plupart des orphelins, partent en RDA jusqu'en 1989. La SWAPO, note Die Zeit, veut des cadres disciplinés et dotés d'une formation militaire, la RDA escompte influer sur un futur pays frère socialiste. Mais le mur de Berlin tombe, et les premières élections libres ont lieu en Namibie. La Swapo l'emporte, Sam Nujoma est élu président, la RDA n'existe plus. Au soir du 25 août 1990 le premier de trois charters décolle à destination de Windhoek. A son bord Paul Shilongo, il a 15 ans. Vingt ans plus tard, écrit Die Zeit, il fait le ménage une fois par semaine, pour l'équivalent d'un euro de l'heure, chez une directrice musicale. S'il lave en plus la voiturre, il gagne 6 euros pour la journée. Il en vit pendant toute une semaine. Cela ne suffit pas toujours pour manger.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum