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Politique énergétique: sommet sous tension

Anne Le Touzé4 juillet 2007

La presse allemande réagit aux consultations qui ont eu lieu hier entre le gouvernement et les grands fournisseurs d’énergie sur l’avenir de la politique énergétique en Allemagne. Contre toute attente et malgré les pressions des industriels en amont du sommet, la chancelière Angela Merkel est restée inflexible sur ses objectifs climatiques et a clairement fait comprendre que réduire d’un tiers les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 ne se fera pas sans une politique active. Ce qui n’est pas du tout du goût de l’industrie...

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Les consultations sur la politique énergétique de l'Allemagne se sont déroulées dans un climat de tension entre le gouvernement et les représentants de l'industrie
Les consultations sur la politique énergétique de l'Allemagne se sont déroulées dans un climat de tension entre le gouvernement et les représentants de l'industrieImage : AP

La Tageszeitung salue la fermeté d’Angela Merkel et la défaite des lobbyistes. En faisant une promotion à peine voilée du monopole énergétique, de nouvelles centrales à charbon et du développement du nucléaire, les fournisseurs d’énergie se sont discrédités en tant qu’interlocuteurs sérieux. Le gouvernement a agi de façon conséquente et montré que c’est la politique qui prend les décisions, et que celles-ci ne dépendent pas de la pression des industriels.

La Süddeutsche Zeitung rappelle qu’il n’y a rien de plus prévisible que la rareté future des énergies fossiles. En quoi est-il idiot, se demande le journal, de chercher à utiliser plus efficacement le charbon, le gaz et le pétrole ? En quoi, également, le développement des énergies renouvelables serait-il superficiel ? On ne pouvait certes pas attendre des cris de joie de la part du secteur industriel après ce sommet. Néanmoins, estime le journal, les industriels de l’énergie devraient se faire une raison et collaborer avec le gouvernement pour atteindre les objectifs climatiques.

Die Welt dénonce des consultations à côté de la plaque. Au lieu de réfléchir à une libéralisation du secteur de l’énergie et à une gestion plus rationnelle des sites de production, le sommet a consacré son agenda au principe écologique de l’espoir : biomasse, éoliennes et appels à l’économie d’énergie. A l’heure où les tarifs de l’électricité ne cessent d’augmenter en Allemagne parce que quatre fournisseurs usent de leur monopole pour dicter les prix, le gouvernement, regrette Die Welt, préfère ignorer ces questions afin de garantir la paix dans la coalition.

A quel point peut-on faire confiance à la politique, s’interroge la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le gouvernement n’a pas un avis unique sur les priorités à fixer en matière énergétique et la politique a montré dans le passé son incapacité dans ce domaine. Le SPD, qui a jadis obligé les industriels à investir dans le nucléaire, rejette aujourd’hui cette technologie. Et quand le ministre de l’environnement dit qu’on ne peut pas à la fois abandonner le nucléaire et le charbon, rien ne dit que son successeur ne traitera pas les centrales à charbon d’« usines à polluer ». Or, rappelle le journal, aucune autre branche industrielle ne dépend à ce point de mesures valables sur le long terme.