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Portrait : Chemnitz, une ville qui pense

1 octobre 2010

Marx, machines, modernité - Chemnitz a de nombreux visages. Et un enfant célèbre.

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Symbole de Chemnitz : le monument Karl Marx
Symbole de Chemnitz : le monument Karl MarxImage : AP

Même ses habitants le disent : Chemnitz n’est pas une ville qui séduit au premier regard. Et de fait, il peut arriver que l’on parte très vite dans la mauvaise direction si on se laisse impressionner pas sa grisaille. Mais derrière ces façades souvent tristes, se cache une grande ville aux facettes multiples.

Mais pour cela, il faut toujours avoir l’œil aux aguets. Par exemple, le monument de Karl Marx, édifié ici en 1971, mais qui n’avait pas vraiment sa place dans la ville. A l’époque, Chemnitz s’appelait Karl-Marx-Stadt, conformément aux vœux des édiles municipaux, mais sans que les habitants n’aient été consultés. Après la chute du Mur, en 1989, les habitants ont alors débaptisé leur ville, lui redonnant son ancien nom. Aujourd’hui, il semble qu’ils aient vraiment adopté leur « Nischel », comme ils surnomment leur monument. Devenu le symbole de la ville, il reste en outre le plus grand buste du monde.

Berceau de l’industrialisation

Témoin du passé industriel de Chemnitz: une Wanderer W 23 Cabriolet de 1940 exposée au Musée de l'Industrie
Témoin du passé industriel de Chemnitz: une Wanderer W 23 Cabriolet de 1940 exposée au Musée de l'IndustrieImage : AP

Chemnitz a été fondée au XIIe siècle, mais c’est l’industrialisation qui a vraiment sorti la ville de l’anonymat. L’on peut même dire que Chemnitz est devenue le volant-moteur de la révolution industrielle en Allemagne. La ville n’est pas seulement considérée comme le berceau de la construction de machines et de véhicules en Allemagne, elle a également réussi l’alliance entre l’esprit d’invention et les vertus économiques. Ce n’est pas un hasard si le droit allemand des brevets trouve son origine dans la région du Vorerzgebirge. Aujourd’hui, l’Université technique qui y est installée assure un transfert de connaissances permanent entre le secteur de la recherche et le monde industriel.

Sa puissance économique a très vite apporté à Chemnitz le surnom de « Manchester saxonne » : métiers à tisser, machines à vapeur et locomotives ont été fabriqués ici en grandes quantités pour conquérir le monde. Et si l’industrie a rendu la ville grise, à l’aube du XXe siècle, Chemnitz était considérée comme la ville la plus riche d’Allemagne.

Un nouveau visage

Les bombardements de la fin de la Seconde Guerre mondiale ont réduit en cendres la quasi-totalité du centre-ville. Une nouvelle ville est née de ces ruines, tout d’abord dessinée par les planificateurs du réalisme socialiste, ensuite par les idées jaillies des cabinets d’architectes allemands et étrangers qui ont donné un nouveau visage à cette ville. Cette évolution n’est toujours pas achevée. A certains endroits pourtant, comme le Kaßberg, l’un des ensembles architecturaux en style Art nouveau les plus complets d’Europe, la fierté des époques passées est encore présente. La ville est un immense creuset qui réconcilie l’ancienne ère de la grande bourgeoisie industrielle avec les barres en béton préfabriqué et les silhouettes contemporaines du verre et du béton. En tous les cas, Karl Marx a sa propre idée des choses et ne cesse de considérer l’agitation humaine depuis son socle en bronze.

Auteur : Sven Näbrich
Edition : Naïma Guira