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Pour un dialogue franc avec la Chine

Anne Le Touzé24 octobre 2008

Les journaux du jour commentent largement l'attribution du prix Sakharov au dissident chinois Hu Jia, qui a provoqué la colère de la Chine.

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Le lauréat du Prix Sakharov, Hu JiaImage : AP

Le gouvernement chinois est terriblement en colère de ne pas avoir réussi à empêcher le Parlement européen de remettre le prix Sakharov à Hu Jia, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. D'abord, la méthode bien connue de l'intimidation, puis l'argument de l'"ingérence dans les affaires intérieures chinoises"... rien de tout cela n'a fonctionné. Les eurodéputés et leur président ont témoigné d'une grande fermeté envers une puissance qui réussit trop souvent à éluder les droits de l'Homme en évoquant à mots couverts les conséquences de telles questions sur les relations commerciales.

Pour la Süddeutsche Zeitung, le Parlement européen a envoyé le bon signal au bon moment : ce n'est pas parce que la Chine est en plein essor économique que les droits humains doivent passer à la trappe. Ironie du sort, l'attribution du prix Sakharov à Hu Jia a coïncidé avec la visite d'Angela Merkel à Pékin, à la veille du sommet Europe-Asie. Pour le journal, rarement un prix n'aura été autant mérité : le dissident chinois est en effet un modèle d'intégrité morale et de courage civil. C'est pour cette raison, estime la Süddeutsche Zeitung, qu'Angela Merkel a tenu à saluer officiellement cette distinction à la sortie de son entretien avec le Premier ministre chinois, au risque d'attirer à nouveau les foudres de la Chine sur l'Allemagne, alors que les relations commencent tout juste à se réchauffer depuis la visite du Dalaï-Lama à Berlin.

Il n'y a pas si longtemps, rappelle Die Welt, certains s'imaginaient que la Chine s'ouvrirait aux questions des droits de l'Homme à l'occasion des Jeux olympiques. Il n'en fut rien : Pékin a, au contraire, fait taire toutes les voix susceptibles de troubler cet événement harmonieux. Hu Jia était l'une de ces voix. Son crime : avoir osé rendre compte de la répression des autorités sur d'autres Chinois critiques envers le régime. Néanmoins, la récompense du Parlement européen est essentiellement un geste symbolique, qui ne suffira pas à améliorer la condition des dissidents chinois.

La Badische Zeitung de Fribourg relève pour sa part qu'à long terme, l'occident a tout intérêt à jouer la carte de la franchise avec la Chine. Quand on critique ouvertement, on est écouté, écrit le journal. Angela Merkel peut en témoigner. A cause de la visite du Dalaï Lama, la chancelière allemande était presque devenue indésirable à Pékin. Hier, c'est sur la crise financière qu'elle s'est abondamment entretenue avec les dirigeants chinois. C'est à cela que doit ressembler un dialogue critique, conclut le quotidien.