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Pourquoi l’Europe a peur de l’immigration?

10 août 2011

Depuis environ cinq décennies, les gouvernements ont prétendu que les travailleurs immigrés ne resteraient pas en Europe. Un manque d’anticipation qui explique en partie le rejet d’une partie de la population.

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Des réfugiés arrivant avec les premières vagues de migrants en février sur l'île de Lampedusa
Des réfugiés arrivant avec les premières vagues de migrants en février sur l'île de LampedusaImage : picture alliance/dpa

L’Europe a-t-elle peur et si oui, de quoi précisément ? Environ 35 000 réfugiés africains sont arrivés sur l’île italienne de Lampedusa depuis le début de l’année. Pour l’ensemble des côtes italiennes, cela représente moins de 50 000 personnes. Or, les mouvements populistes dénoncent l’invasion de l’Europe par les étrangers et en particulier les musulmans. Au même moment, la Tunisie accueille à peu près le même nombre de réfugiés mais avec une différence importante. Ou plutôt deux différences. La premières est que la Tunisie compte 10 millions d’habitants alors que la population italienne est six fois plus importante. Quant à l’Union européenne elle compte 500 millions d’habitants.

La seconde différence tient en un mot : générosité. Générosité des Tunisiens dont le gouvernement va offrir des repas spéciaux aux réfugiés libyens durant le mois de ramadan. Les gouvernements européens pour leur part n’offrent pas beaucoup plus que la répression et ils laissent aux associations le soin de gérer l’urgence humanitaire. Le New York Times a publié au début de l’année un dessin qui résumait bien cette frilosité européenne. Une barque remplie de réfugiés s’approche des côtes tunisiennes : à l’intérieur les hommes et les femmes ont l’air heureux, ils sont souriants. Cette partie du dessin est désignée sous le nom de « Printemps arabe ». Et puis la partie droite de ce même dessin représente un mur avec des barbelés et un mirador construits sur la plage même où cette barque de réfugiés souhaitait accoster. Et cette seconde partie du dessin était désignée sous le nom de « Hiver européen ».

Un bateau de migrants arabes dans le port de Lampedusa en juin dernier
Un bateau de migrants arabes dans le port de Lampedusa en juin dernierImage : picture alliance/dpa

C’est ce décalage qui choque aujourd’hui entre l’histoire en marche et l’immobilisme européen, entre la confiance dans l’avenir et les peurs de l’Europe face à l’immigration. Ceci alors même que tout le monde sait que l’Europe vieillissante a besoin d’immigration si elle veut avoir une chance de survie dans la compétition mondiale. Si elle ne veut pas sombrer pour toujours dans un long, sombre et glacé « hiver européen ».

Travailleurs invités

L’Europe a d’une certaine manière menti à ses populations. Car les gouvernements ont adopté une position irréaliste lorsqu’ils ont affirmé que les vagues de travailleurs étrangers venus chez eux n’étaient là que de manière provisoire, qu’ils n’étaient que des Gastarbeiter comme disent les Allemands, c’est-à-dire des « travailleurs invités » qui finiraient par renter chez eux. Bien sûr, les migrants sont restés car chez eux, désormais, c’est l’Europe. C’est ce décalage entre la parole politique et la réalité qui crée les tensions qui existent aujourd’hui dans nos sociétés, des tensions liées à l’inquiétude engendrée par l’immigration dans des sociétés vieillissantes.

Alors, pourquoi le multiculturalisme fait-il peur en Europe alors que ce sentiment n’est pas aussi présent par exemple aux Etats-Unis et au Canada ? C’est la question que nous avons posé au chercheur français Jean-Yves Camus.

Vue de la Puerta del Sol à Madrid au plus fort de la mobilisation du printemps
Vue de la Puerta del Sol à Madrid au plus fort de la mobilisation du printempsImage : picture-alliance/dpa

Le maigre bilan des indignés

Alors que le chef de l’Etat Jose Luis Rodriguez Zapatero a annoncé des élections anticipées au 20 novembre prochain, le mouvement des indignés continue à faire parler de lui mais quel est son bilan ? Car depuis la naissance du mouvement le 15 mai dernier, rien n'a vraiment changé. Le gouvernement qui dit comprendre certaines des revendications n'a pris aucune mesure significative.

Il faut dire que les indignés refusent tout dialogue et ne veulent pas avoir de leaders. Alors qu'on se dirige vers une victoire de la droite en Espagne, certains commencent à remettre en cause le mouvement et s'interrogent sur son efficacité.

C’est un reportage à Barcelone de Henry de Laguérie.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot

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