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Poutine fait diversion

Yann Durand5 juin 2007

A la veille de l’ouverture des débats à Heiligendamm, la controverse entre les Etats-Unis et la Russie à propos du bouclier anti-missile se poursuit. La déclaration du président russe Vladimir Poutine selon laquelle son pays pointera à nouveau ses missiles sur des cibles potentielles en Europe si Washington persiste dans son projet, suscite la désapprobation de la communauté internationale et celle des commentaires de la presse allemande.

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Les missiles. Pommes de discorde entre Moscou et Washington.
Les missiles. Pommes de discorde entre Moscou et Washington.Image : picture-alliance/ dpa

"Dissonances transatlantiques" titre la Frankfurter Rundschau son analyse des dossiers épineux opposant les Etats-Unis à l’Europe parmi lesquels celui du bouclier anti-missile qui offusque avant tout les russes. Bush, sachant qu’il provoque le Kremlin par son voyage à Heiligendamm via la Pologne et la République tchèque, propose à Poutine de lui rendre visite après le G8 dans un ranch de la côte est. Une initiative, précise le journal, qui répond aux conseils de la chancelière allemande d’expliquer mieux les intentions américaines aux russes. Angela Merkel espère ainsi éviter un éclat américano-russe durant le sommet.

Selon le Financial Times Deutschland dans ce dialogue, il ne s’agit pas de bouclier anti-missiles ni d’éventuelles préoccupations stratégiques. Il est question de la fierté bafouée d’un pays, vaincu dans la guerre froide et qui sous le flux incessant de pétrodollars exige d’avoir à nouveau son mot à dire. Avec une colère impuissante, Moscou a assisté à l’influence croissante des USA sur son territoire, rappelle le quotidien. À présent le Kremlin souhaite à tout le moins limiter les effets de cette évolution. Et de conclure que l’union européenne et les Etats-Unis auront du mal à réagir en conséquence.

Poutine ces dernier temps se permet régulièrement des dérapages verbaux, remarque le quotidien Die Welt qui met cela sur le compte de l’incertitude quant à son avenir politique. Il va même jusqu’à émettre des menaces de représailles qui comporteraient notamment le renoncement à divers traités de non-prolifération mais aussi la mise au point de nouveaux missiles intercontinentaux, dont les essais dernièrement se sont avérés probants. Selon le journal, si Vladimir Poutine veut restaurer son image en occident et éviter qu’un vent de guerre froide ne balaye l’Europe, il lui faut désarmer verbalement.

Même son de cloche dans la Süddeutsche Zeitung. Le journal se penche sur la politique intérieure russe où Poutine laisse peu de marge de manœuvre à l’opposition. Il en veut pour preuve le discours populiste de l’ex chef du gouvernement, Michail Kasjanow, qui aurait valu à son auteur une envolée dans les sondage s’il avait été plus longuement diffusé à la télévision nationale. Au lieu de cela le président fait diversion en attaquant les Etats-Unis à grand renfort de relais médiatiques pendant que l’opposition exsangue se rassemble dans un hôtel moscovite.