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Prudence après la rencontre Iran//USA

Anne Le Touzé29 mai 2007

Après 27 ans de gel des relations diplomatiques, les Etats-Unis et l’Iran ont discuté pour la première fois à Bagdad de la situation en Irak. Une rencontre historique qui est largement commentée dans la presse allemande ce matin. Mais les éditorialistes restent prudents sur l’interprétation à donner à l’événement.

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Image : AP Graphics

Le Tagesspiegel estime qu’il est toujours bon de parler. Mais que ceux qui avaient attendu de ces discussions une réelle amélioration des relations entre l’Iran et les Etats-Unis, comme c’est le cas du gouvernement irakien, auront été évidemment déçus.

L’enthousiasme n’est pas non plus de mise dans la Süddeutsche Zeitung qui constate que les discussions n’ont porté ni sur le programme nucléaire iranien, ni sur les intentions américaines d’entraîner un changement de régime en Iran. Le journal conclut : les problèmes principaux des relations entre Washington et Téhéran n’ont même pas été effleurés.

La patience est un outil indispensable de la diplomatie, répond la Westdeutsche Zeitung. Il était évident qu’aucun résultat ne sortirait de la première rencontre entre les Etats-Unis et l’Iran après 27 ans. La nouveauté est que les USA ont réussi à faire le pas de parler avec l’Iran, tout en évitant le sujet qui fâche : la politique nucléaire de Téhéran. Apparemment, poursuit le journal, l’administration guerrière de George Bush a compris que ce n’est pas contre, mais avec l’Iran qu’elle pourra éradiquer le terrorisme chiite en Irak.

Même écho chez Die Welt : l’Axe du Mal est mis de côté, la perestroïka de Bush est en marche. Le premier dialogue formel entre Washington et Téhéran depuis 1980 marque la défaite des néoconservateurs. Le chef du Pentagone Robert Gates fait en sorte que les Etats-Unis aient d’autres options que de renverser le régime iranien. Mais Bush et Gates prennent des risques considérables et il ne faudrait surtout pas croire que l’on peut jouer avec eux. Si c’est l’intention de Téhéran, alors la perestroïka risque d’être de courte durée.

Selon la Frankfurter Rundschau, c’est seulement si le dialogue se poursuit et s’il est élargi à d’autre sujets que l’Irak que l’on pourra espérer la détente entre les deux principaux rivaux du Moyen-Orient. Or il n’est pas sûr que les deux parties soient déjà prêtes à faire ce pas. Il y a moins de trois semaines, le vice-président américain Dick Cheney a menacé les Iraniens depuis un porte-avion basé dans le Golfe persique. Et en ce qui concerne le programme nucléaire iranien, conclut le journal, les mollahs ne montrent aucune intention d’abandonner leur politique de confrontation.

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La rencontre Iran/USA a reçu un accueil mitigé également en Irak. Des responsables chiites ont salué un succès de la diplomatie irakienne, qui a réussi à « rassembler deux pays qui s'affrontent depuis trente ans ». Côté sunnite en revanche, les réactions sont plus négatives : selon un député, les Etats-Unis comme l’Iran « ont amené les problèmes de l’Irak et essayent maintenant de les résoudre dans un sens qui serve leurs intérêts ».