1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Prudence après le « Oui » au référendum

13 septembre 2010

Les journaux allemands s'interrogent aujourd'hui sur les leçons à tirer du « Oui » au référendum en Turquie. Et en Allemagne, des personnalités musulmanes s'inquiètent des récents débats sur l'immigration.

https://p.dw.com/p/PB1l
Les Turcs ont approuvé à 58% la réforme voulue par le Premier ministre Erdogan.Image : AP

« La Turquie dans la modernité », s'enthousiasme la Süddeutsche Zeitung. Un non au référendum constitutionnel aurait été plus qu'un vote de défiance à l'égard du Premier ministre Erdogan, analyse le journal. Tous les sceptiques qui doutent de l'ouverture et de la démocratisation du pays se seraient sentis confortés. Un échec aurait signifié un triomphe pour les forces du retour en arrière, qui se cachent avant tout dans les rangs de l'armée, de la justice et de l'administration.

Puzzlebild Triptychon Türkei Volksabstimmung Galerie-Bild 3
Le vote avait lieu trente ans jour pour jour après le coup d'État de 1980.Image : picture-alliance/dpa

La Süddeutsche met en garde : désormais, si Erdogan veut vraiment poursuivre la modernisation et la démocratisation, il doit prendre au sérieux le message envoyé par le boycott kurde. Parce que c'est un plaidoyer pour une véritable nouvelle Constitution, une Constitution qui éliminerait le seuil des 10% de voix aux élections parlementaires. Un seuil introduit pour tenir les partis kurdes loin du Parlement. Il est grand temps qu'il disparaisse.

Die Welt

s'attarde également sur le référendum turc, mais avec moins d'optimisme. Le quotidien évoque une réforme constitutionnelle emballée ingénieusement et bien vendue. Elle correspond globalement aux standards européens, mais la vision qu'en a le gouvernement renferme plusieurs supercheries. Et Die Welt évoque, comme la Süddeutsche Zeitung, le seuil des 10%, qualifié d'antidémocratique. Enfin, le journal observe avec prudence la volonté de l'AKP, le parti au pouvoir, de s'accaparer durablement les postes-clés. L'AKP rêve de diriger le pays aussi longtemps que l'ont fait les militaires. Ce dont a besoin la Turquie et qu'elle ne cherche pas à faire, c'est de séparer l'État et l'idéologie.

Fatih Akin 66. Internationale Filmfestspiele in Venedig
Le réalisateur Fatih Akin est l'un des signataires de la lettre envoyée à Christian Wulff.Image : AP

La tageszeitung publie quant à elle une lettre ouverte adressée au président allemand, Christian Wulff, par des personnalités allemandes de religion musulmane, parmi lesquelles le réalisateur Fatih Akin. « Nous vous prions, écrivent-ils, dans le climat actuel de tension, d'intervenir pour défendre le principe d'une culture démocratique, ouverte et basée sur le respect mutuel. » Les auteurs s'inquiètent en effet des récents dérapages de plusieurs personnalités politiques au sujet de l'immigration. Des dérapages qui ont entraîné notamment la démission de Thilo Sarrazin de la Bundesbank.

Auteur : Sébastien Martineau
Édition : Anne Le Touzé