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Putsch en Thaïlande: et après?

Anne Le Touzé21 septembre 2006

La presse allemande analyse ce matin le coup d’Etat de l’armée thaïlandaise. Mardi dernier, les généraux ont profité de l’absence du Premier ministre Thaksin Shinawatra pour s’emparer du pouvoir. Depuis, la Thaïlande est en attente, notamment en ce qui concerne le retour à la démocratie.

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Le ruban jaune symbolise le pouvoir royal.
Le ruban jaune symbolise le pouvoir royal.Image : AP

Un putsch pour sauver la démocratie ? La tageszeitung de Berlin est sceptique et se demande pourquoi le général Sonthi a choisi ce moment précis pour passer à l’action. En effet, la crise politique des derniers mois, qui avait conduit au désespoir de nombreux Thaïlandais, avait l’air d’être surmontée. Par ailleurs, rappelle le journal, Thaksin était en passe de remercier le général Sonthi. Les prochains jours vont montrer si le chef de l’armée a vraiment des intentions altruistes ou s’il suit des intérêts personnels.

Die Welt regrette que les putschistes n’aient donné aucune chance aux institutions démocratiques. Ils n’ont pas cru en la valeur des élections prévues en octobre pour remplacer le scrutin d’avril, qui a été annulé par la Haute Cour de Justice. Ils ne reconnaissent pas non plus que Thaksin avait, malgré tout, été chargé de gouverner par les électeurs. Pour le journal, ce putsch montre que la Thaïlande manque de maturité en matière de démocratie.

Une idée reprise par la Frankfurter Rundschau, qui rappelle que le pays n’avait pas connu de putsch depuis 15 ans. La démocratie semblait sur le bon chemin. Au plus fort de la crise financière qui a traversé l’Asie du Sud-Est en 1997, les Thaïlandais avaient même réussi à adopter une constitution moderne. Il est d’autant plus tragique que les principes démocratiques ancrés dans ce document aient été piétinés par un ministre élu au terme d’élections libres.

Pour la Süddeutsche Zeitung, Thaksin avait tout pour être une personnalité politique qui puisse garantir le progrès démocratique en Thaïlande. Le « selfmademan » passé de policier à milliardaire, puis catapulté au poste de Premier ministre, est en effet le premier chef du gouvernement à avoir tenu tout un mandat. Mais malgré toutes ces innovations, Thaksin s’est lui-même décrédibilisé. Petit à petit, il s’est servi de son influence et de son argent pour mettre sous sa coupe les organes censés le surveiller.

On ne versera certainement pas de larmes sur le sort du Premier ministre, estime à son tour la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais il est à craindre que le changement de gouvernement ne soit qu’un simple changement de têtes. Une fois encore, les problèmes structurels du pays ne devraient pas être réglés pour autant.