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Quatre ans après la chute du régime de Saddam Hussein

Aude Gensbittel10 avril 2007

A la « Une » de plusieurs journaux allemands aujourd’hui, des photos de la manifestation anti-américaine de Nadjaf, sur lesquelles on voit la foule brandir de nombreux drapeaux irakiens. Les manifestants répondaient à l’appel de l’imam radical chiite Moktada Sadr et protestaient contre la présence des troupes internationales en Irak. C’était hier le quatrième anniversaire de l’arrivée des forces américaines à Bagdad, le 9 avril 2003, jour-symbole de la chute du régime du dictateur Saddam Hussein.

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Lorsque des soldats américains avaient fait tomber la statue de Saddam Hussein à Bagdad il y a quatre ans, rappelle la Tageszeitung, Washington s’était vanté d’avoir renversé un régime despotique de la pire espèce. Personne ne pouvait imaginer que la situation devienne un jour encore pire que sous Saddam Hussein. Et pourtant c’est le cas pour beaucoup aujourd’hui. Les Irakiens vivent avec la peur d’être tués à tout instant. Dans ce contexte, rien d’étonnant à ce que le cri de « l’Irak aux Irakiens » s’élève de plus en plus fort, même s’il vient à l’origine d’un imam radical comme Moktada Sadr.

Le gouvernement irakien a supprimé le jour férié du 9 avril, qui depuis 2003 commémore en Irak la prise de Bagdad, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Quatre ans après la chute du régime de Saddam Hussein, la plupart des Irakiens n’ont pas le cœur à la fête. A en croire les derniers sondages, plus de trois quarts d’entre eux souhaitent le retrait des Américains et de leurs alliés. Et l’imam chiite Moktada Sadr a su tirer profit de la colère de la population face au manque d’eau potable, aux coupures d’électricité, à l’insécurité constante et au déclin économique.

Jour férié supprimé, interdiction de circuler par crainte d’attentats à la voiture piégée. Pour la Frankfurter Rundschau, ce n’est pas seulement pour des raisons sécuritaires que le gouvernement de Nouri al-Maliki a mis en place une sorte d’état d’urgence. C’est aussi parce qu’il a reconnu qu’il n’avait aucun succès à célébrer. La liberté, la paix, la démocratie ? La perspective de devenir un modèle pour toute la région, tout ce que les Etats-Unis prétendaient apporter au pays il y a quatre ans ? Le conflit est devenu une guerre sans fin, une guerre sale.

Pour la Süddeutsche Zeitung, les perspectives d’avenir du pays sont plutôt sombres. Rien ne laisse espérer que les chiites adoptent un jour l’idéal souhaité par les Américains, celui d’un Irak multiconfessionnel et multinational. Pour eux, la chute du régime baasiste a représenté la délivrance du règne millénaire des usurpateurs sunnites. La conséquence logique de la guerre est pour eux la chance de rétablir une justice historique, une chance qu’ils veulent saisir à tout prix. Quant aux sunnites, ils refusent catégoriquement de se soumettre à un Etat dirigé par la majorité chiite.