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Quel avenir pour la Somalie ?

Maya Dreyer / Anne Le Touzé7 février 2007

Un mois et demi après l’intervention éthiopienne en Somalie, le pays de la Corne de l’Afrique semble avoir replongé dans l’anarchie. Hier, la Deutsche Welle a accueilli dans ses locaux une conférence-débat sur l’influence du terrorisme international en Somalie et les solutions envisageables pour stabiliser la région.

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Une troupe de paix internationale, composée notamment de soldats de l'Union africaine, pourrait être envoyée en Somalie.
Une troupe de paix internationale, composée notamment de soldats de l'Union africaine, pourrait être envoyée en Somalie.Image : AP

D’abord un état des lieux : selon Annette Weber, spécialiste de la Somalie à la Fondation Science et Politique de Berlin, la Somalie a repris ses vieilles habitudes. Les chefs de guerre sont de nouveau influents et ce sont aujourd’hui leurs milices qui assurent la sécurité et la stabilité (toute relative). Six mois après leur prise de pouvoir en juin 2006, la débâcle des Tribunaux islamiques face aux Ethiopiens les a divisés et on distingue désormais les islamistes « modérés » des islamistes « radicaux ». Selon Annette Weber toutefois, l’influence d’organisations terroristes en Somalie n’est pas évidente :

« Reporter la responsabilité sur des groupes extérieurs comme al-Qaida et le Djihad est, à mon sens, un raccourci un peu facile qui ne reflète pas la réalité de la Somalie. »

Un avis que ne partage absolument pas Hartwig Fischer, spécialiste des questions africaines pour le groupe parlementaire conservateur au Bundestag :

« Les services de sécurité nous disent que al-Qaida a renforcé son assise en Somalie et contribué à renforcer l’intervention des Tribunaux islamiques et surtout leur financement. »

Selon Hartwig Fischer, il est donc capital d’inclure les islamistes modérés dans les négociations sur la formation d’un nouveau gouvernement de transition. C’est également l’objectif d’une conférence de réconciliation qui a débuté lundi à Mogadiscio, conférence à laquelle a fini par se rallier le président somalien Abdoullahi Youssouf sous la pression de la Communauté internationale, qui l’avait posée comme condition à tout engagement d’une troupe de paix internationale en Somalie. Un engagement que critique Ulrich Delius, porte-parole de la société pour les peuples menacés :

« Le poids de ce conflit régional dans la politique étrangère allemande est bien trop faible. Le ministre des Affaires étrangères Steinmeier passe son temps au Proche-Orient, mais quand viendra-t-il dans cette région ? Evidemment, de nombreux entretiens ont lieu en coulisse, mais nous attendons plus d’actions pour la Somalie, et pour l’Afrique en général. La question est : quelle importance accordons-nous à la résolution des conflits en Afrique ? »

Un point a fait l’unanimité parmi les participants à la table ronde : le conflit somalien ne doit pas être réduit à une guerre de religions, comme on le lit souvent dans les médias occidentaux. Il ne s’agit pas d’un combat entre une Somalie islamique et une Ethiopie chrétienne et en aucun cas de terroristes islamistes contre un Occident chrétien. Ce point de vue serait fatal pour l’avenir de la Corne de l’Afrique.