Quel sort pour les expulsés d'Allemagne ?
27 septembre 2013Depuis le mois de janvier, plus de 6.630 personnes ont été reconduites de force dans leur pays. En 2012, plus de 8.300 expulsions avaient été recensées, dont 13,5% de demandeurs d'asile ressortissants de Syrie, d'Afghanistan et d'Irak. Des pays qui se caractérisent par une forte instabilité. De retour chez eux, les expulsés risquent parfois d'être soumis à la torture ou à de mauvais traitements. Cela a été le cas pour deux Syriens : Anuar Naso et son père.
Un matin de février 2011. A Giessen, la police a expulsé Anuar Naso, 15 ans, et son père. Direction la Syrie. Une fois à Damas, la capitale de leur pays, les deux Syriens ont été emprisonnés. Anuar Naso raconte:
« J'étais en prison avec mon père, mais lui a été libéré au bout de 12 jours. Ils m'ont retenu plus longtemps parce qu'ils voulaient vérifier mes papiers d'identité. Je suis donc resté pendant un mois et trois jours en prison en Syrie. J'ai été enfermé et torturé. »
Pourtant, le ministère allemand des Affaires étrangères, depuis de nombreuses années, savait que la situation des droits de l'homme en Syrie était très délicate. En 2009, déjà, l'Allemagne avait renvoyé chez eux plusieurs centaines de Syriens qui, une fois dans leur pays, ont subi des sévices.
Bernd Mesovic, de l'organisation des droits humains Pro Asyl, critique le fait que l'Allemagne se soucie peu du sort des personnes expulsées:
« Nos critiques portent sur le fait que l'examen des demandes d'asile est pratiqué de façon sommaire. En gros, on part toujours du principe que les motivations des demandeurs sont d'ordre économique. On ne prend pas en compte les violations des droits de l'homme, le déni de droits sociaux et culturels dans certains États, alors on refuse les gens rapidement et on les expulse. C'est une stratégie politique. »
Pour le ministre fédéral de l'Intérieur, une expulsion a lieu si la représentation diplomatique du pays du demandeur d'asile donne son accord. En mars 2013, le ministre de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich, a pris la décision d'interdire pour six mois toute expulsion vers la Syrie. La dernière aurait eu lieu en avril 2011.