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Qu'en termes galants

3 novembre 2011

La presse allemande commente de manière assez critique les déclarations d'hier du Premier Ministre turc lors des cérémonies de commémoration du 50e anniversaire de l'accord germano-turc de recrutement de main d'œuvre.

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Le Premier Ministre turc n'y va pas par quatre cheminsImage : dapd

C'est une tentative de mise sous tutelle de l'État allemand que d'exiger la double nationalité pour les quelque trois millions de Turcs vivant en Allemagne, critique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et exiger dans le même temps des Allemands d'origine turque de reprendre leur nationalité d'origine, c'est ignorer leur volonté affirmée de vivre dans une nouvelle patrie.

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Il y a 50 ans, l'Allemagne avait besoin d'eux. Aujourd'hui, elle a besoin de leurs enfantsImage : picture-alliance/dpa

Même diagnostic pour die Welt. De tels propos révèlent que l'invité d'Angela Merkel limite les choses à un clash des cultures, du genre : une fois Turc, c'est turc pour toujours ! À chacune de ses visites en Allemagne, Recep Tayyip Erdogan se comporte comme s'il était le patron des trois millions de Turcs qui vivent ici. C'est paternaliste, nationaliste et cela relève de la préhistoire de la démocratie.

Le chef du gouvernement d'Ankara voudrait faire croire qu'il est un ardent défenseur des Droits de l'Homme, ironise la Frankfurter Rundschau. A-t-iI déclaré que les intellectuels ne seront plus traînés devant les tribunaux à chacune de leurs critiques du pouvoir ? Non ! A-t-il affirmé que son pays s'engageait en faveur de la liberté totale de réunion, de religion et d'organisation ? Non ! Il a juste dit que l'obligation d'apprendre l'allemand était une atteinte aux Droits de l'Homme. Là, on voit bien qu'il ne sait pas, ou plutôt qu'il ne veut pas savoir, de quoi sont fait ces droits.

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Angela Merkel a su s'exprimer sans détoursImage : dapd

Pour la tageszeitung, l'important n'est pas seulement ce qui est dit, mais aussi qui le dit. Un boucher ne fera jamais un bon végétarien, ni un sourd un bon critique musical. C'est une question de crédibilité. En assimilant à un « crime contre l'Humanité » l'exigence imposée aux candidats au regroupement familial d'apprendre l'allemand, monsieur Erdogan manque de crédibilité pour défendre l'intégration et la cause des Allemands d'origine turque.

L'intégration n'intéresse pas Recep Tayyip Erdogan, analyse la Süddeutsche Zeitung. Refuser que les candidates au regroupement familial doivent apprendre l'allemand, c'est occulter un atout essentiel pour ces femmes : la liberté de s'intégrer d'elles-mêmes dans leur nouvelle patrie sans être asservies à la volonté de leurs époux. Exiger que les enfants turcs nés en Allemagne apprennent d'abord le turc avant la langue de Goethe, c'est négliger les problèmes de tous ces jeunes qui, à cause de ça, ne maîtrisent aujourd'hui aucune de ces deux langues. Vivre ensemble certes, mais il faudrait d'abord élaborer des règles communes pour cela, conclut le quotidien de Munich.

Auteur : Christophe Lascombes
Edition : Cécile Leclerc