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Règlement de comptes à Bruxelles

16 septembre 2010

Les chefs d'états et de gouvernements européens se retrouvent aujourd'hui à Bruxelles pour un sommet informel. Une réunion parasitée par la polémique sur les expulsions des Roms en France.

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L'entrée du Conseil européen à Bruxelles
L'entrée du Conseil européen à BruxellesImage : picture alliance/dpa

Difficile d’imaginer une atmosphère plus tendue avant le début de ce sommet. Après le coup de chaud hier entre la Commission européenne et la France sur la question des Roms – la commissaire Viviane Reding ayant comparé les expulsions des Roms aux déportations de Juifs durant la seconde guerre mondiale – les points officiels du programme semblent comme effacés par l’emballement médiatique de ces derniers jours. Certes, Viviane Reding s'est entretemps excusée pour ses propos mais sur le fond, la Commission ne cède rien puisqu'elle va engager une procédure d'infraction contre la France. Elle a reçu sur ce point le soutien de la présidence belge ou encore de l'Allemagne qui ont confirmé que la Commission était là dans son rôle de gardienne des traités.

Ainsi, alors que débute le Conseil à Bruxelles avec le ghotta politique européen, peut-on prévoir que l'affaire va se tasser? Les avis divergent sur ce point. Certains hauts fonctionnaires présents à Bruxelles confirment le fait qu'on est entré dans une phase d'apaisement où la diplomatie va reprendre le dessus. Mais des correspondants de la presse européenne redoutent que l'escalade se poursuive. Une chose est sûre cependant : si le sujet des Roms s'est invité à ce sommet, il n'est pas le thème principal car l'Europe a d'autres problèmes à résoudre.

Viviane Reding a comparé les expulsions de Roms aux déportations de la seconde guerre mondiale
Viviane Reding a comparé les expulsions de Roms aux déportations de la seconde guerre mondialeImage : DW

Peur de la marginalisation

Le président Herman van Rompuy doit ainsi rendre un rapport d'étape sur les conséquences à tirer de la crise économique en matière de gouvernance économique. Avec, en substance, des questions comme : faut-il suspendre les subventions européennes aux pays qui laisseront à l'avenir trop déraper leurs déficits budgétaires? L’extrême sensibilité de ces sujets explique sans doute pourquoi la présentation du rapport final a été reportée au prochain sommet, fin octobre.

Par ailleurs, la question de l'Europe puissance mondiale va être posée. L'Europe est la première puissance économique mondiale, le premier donateur en matière d'aide au développement mais un nain politique sur la scène internationale. Un « soft power » pour employer le jargon en usage. C'est donc cette grande question qui va être abordée : comment l'Europe peut-elle mieux s'affirmer non pas forcément face aux Etats-Unis mais plutôt face aux grandes puissantes émergentes que sont la Chine, l'Inde ou le Brésil ? Derrière cette interrogation se dissimule à peine la grande peur de l’Europe en ce début de 21e siècle. Celle de se laisser marginaliser par l’émergence d’un axe entre les Etats-Unis d’un côté et les pays émergents de l’autre. C’est exactement ce qu’il s’est passé l’année dernière au sommet sur le climat de Copenhague.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Elisabeth Cadot