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Réactions à l'opération "Arc-en-ciel"

Sandrine Blanchard21 mai 2004

Pour une fois la presse allemande est unanime, du moins dans le choix de ses gros titres. Tous les journaux reviennent ce matin sur la situation au Proche-Orient, et l’opération « Arc-en-ciel » de l’armée israélienne dans la Bande de Gaza. Tour d’horizon des commentaires du jour...

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Image : AP

Sous le titre « L’Enfer sur Terre » Die Welt constate que de la Bande de Gaza symbolise le conflit israélo-palestinien qui s’autoalimente. Un retrait militaire, même annoncé, est une manœuvre difficile. Et les Palestiniens essaient selon le journal de gagner la guerre des images. D’où la conviction du commentateur de Die Welt selon laquelle une intervention extérieure, des États Unis, de l’Union européenne ou de pays arabes, est désormais nécessaire.

La tageszeitung quant à elle souligne le mépris du gouvernement Sharon envers la résolution des Nations Unies. Le quotidien fait un point sur la situation dramatique de la population civile, et l’omniprésence de « la mort sous l’Arc-en-ciel ». La taz publie également une interview du chef politique du Hamas, Khaled Machaal. Celui-ci défend la résistance palestinienne, qu’il considère comme de la légitime défense face à l’occupation israélienne. Il considère également que les attentats suicides sont la seule arme efficace dont disposent les Palestiniens.

Passons à la Frankfurter Rundschau. Elle parle de Gaza comme d’une « terre brûlée ». Selon le quotidien de Francfort, les tirs israéliens sur le cortège d’une manifestation à Rafah ne peuvent être légitimés, même s’il est possible que certains manifestants aient bel et bien été armés. Il n’est pas pensable d’user d’armes de gros calibre pour disperser un défilé, et il en va de même pour les tirs présentés comme une simple « intimidation » et qui ont dérivé de leur cible et tué des gens. La Frankfurter Rundschau estime également que le gouvernement Sharon ne peut pas se cacher derrière les « bavures » américaines en Irak pour expliquer les siennes. Car la politique d’Ariel Sharon n’a pas le vent en poupe, pas même au sein de la population israélienne parmi laquelle la critique se fait de plus en plus massive. Cependant, si Israël interrompt effectivement son opération Arc-en-ciel, comme il l’a annoncé, le retrait complet de l’armée et démantèlement des colonies israélienne de Gaza, semble de plus en plus lointain.

Pour finir, quelques mots de la Süddeutsche Zeitung qui écrit que la parole américaine n’a plus tellement de poids dans le monde arabe. La crise de crédibilité que traversent les États Unis est bien sûr liée à ses échecs en Afghanistan et en Irak, mais également au Proche-Orient. La Maison Blanche avait promis la démocratisation de la région, accompagnée d’une paix équitable. George W. Bush misait sur un effet domino, mais il s’avère que ses pièces tombent dans le mauvais sens. Ariel Sharon appelle son combat « lutte contre le terrorisme », le droit international est ouvertement bafoué. Pas de paix en vue, pas d’état palestinien, pourtant promis pour 2005 par Washington. Alors George W. Bush est bien obligé de prendre ses distances, d’où la condamnation par l’ONU de la politique d’Israël. Mais ce dont le Proche-Orient a besoin désormais, ce ne sont plus des promesses, ce sont des faits.