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Réactions au nouveau Code la Famille malien

Sandrine Blanchard21 août 2009

Le nouveau Code de la famille continue de faire des vagues parmi les religieux. Les ONG de défense des femmes ont participé à l'élaboration du texte et s'en félicitent... prudemment.

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Image : DW

Les représentants des ONG féminines du Mali ne veulent pas réagir sur notre antenne au nouveau Code de la Famille. En général, la réaction est celle-ci :

« Ah c'est sur les antennes ? Eh bien non, nous avons convenu d'une ligne commune... parce qu'il y a à ce sujet pas mal de problèmes... »

Des problèmes, surtout, du côté de certains responsables musulmans qui ont menacé de faire appel à la violence si le nouveau Code est bel et bien mis en application.

Parmi les dispositions qui ne plaisent pas à certains religieux : l'âge minimum légal du mariage fixé à 18 ans pour les filles comme pour les garçons, la non-reconnaissance du mariage traditionnel par l'administration et aussi l'extension des droits d'héritage aux filles.

Sur ce dernier point, jusqu'à présent, seuls les garçons peuvent hériter des biens fonciers du père, les épouses se voient éventuellement accorder un lopin qu'elles peuvent exploiter. Concernant le mariage traditionnel, les ONG féminines revendiquent depuis de nombreuses années l'obligation de passer devant le maire. Car les enfants nés hors mariage laïc ne sont pas reconnus comme des héritiers aux yeux de la loi et rien n'oblige un père ou un époux à subvenir aux besoins de ses épouses et de ses enfants s'il n'a pas scellé son union devant le maire, comme l'explique cet officier d'état civil de la Commune III de Bamako :

« Les mariages qui ne sont pas célébrés officiellement, ils ne viennent pas à la mairie. C'est fait au niveau du mariage religieux. Souvent, on constate que des hommes viennent pour un deuxième mariage à la mairie alors que leur premier mariage n'avait pas été enregistré. Dans ce cas, on les oblige à épouser d'abord leur première femme qui est à la maison et qui n'a pas eu de mariage légal. »

Mali Frau mit Kind in Bandiagara Dogon Land
Une femme de Bandiagara (Mali)Image : DW/Peter Koppen

Par ailleurs, les organisations musulmanes estiment que les droits accordés aux femmes iraient à l'encontre du précepte du Coran qui exige la soumission de l'épouse. Une situation qui ne convient plus à toutes les jeunes femmes du pays, notamment à Bamako. Fatoumata, elle, a décidé de quitter son mari.

« Malgré tous les problèmes que j’avais avec lui, compte tenu aussi de mes parents et de l’avis de la société concernant le mariage, je ne voulais pas vraiment en arriver jusque là, mais quand on arrive à vouloir attenter à ma vie, je préfère me retirer de la course. S’il me tue aujourd’hui, il peut épouser une autre femme demain, mais j’ai une fille, elle, elle perdrait sa mère et mes parents perdraient leur fille. Donc j’ai décidé de porter plainte et de demander le divorce, pour avoir une vie normale, comme les autres. Parce que je vis sous pression avec mon mari. Je ne peux rien décider de moi-même. Il se plaint de tout. Il peut se passer deux ou trois semaines sans qu’il m’adresse la parole. Nous, on vit chez lui selon ses humeurs : s’il est heureux, tout le monde est heureux et s’il est malheureux, tout le monde doit forcément être malheureux. Tous ceux qui vivent chez lui doivent se conformer à ses exigences sinon tu prends la porte. Moi, j’ai décidé de prendre la porte car j’en avais assez. »

Les ONG féminines, elles, espèrent que le texte pourra être appliqué et réclament pour cela que le texte soit rendu accessible aux principales concernées. En le traduisant, par exemple, dans des langues locales pour des femmes qui ne parlent ni bambara ni français.