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Réception en grande pompe à Washington

Philippe Pognan8 août 2014

Le sommet Etats-Unis-Afrique a été largement commenté au cours de la semaine dans la presse allemande. Les éditorialistes ont aussi suivi l'évolution de l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest.

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Barack Obama veut renforcer la coopération avec les pays africains face aux conflits et aux menaces terroristes
Barack Obama veut renforcer la coopération avec les pays africains face aux conflits et aux menaces terroristesImage : Reuters

Sous le titre : « Un toast à la santé des autocrates d'Afrique », le quotidien Berliner Zeitung relève que le président américain Barack Obama a tenté de s'attirer les faveurs des chefs d'Etat africains en les recevant en grande pompe et en leur promettant des investissements américains. C'était la première fois que Barack Obama, président des Etats-Unis depuis six ans, recevait ses collègues d'Afrique, d'où son père est originaire.

En clôture du sommet, les 46 chefs d'Etat et de gouvernement africains ont été conviés à un grand banquet sous un large chapiteau blanc sur les pelouses de la Maison blanche à Washington. Avec toutes sortes d'attentions, beaux discours et plaisirs gastronomiques inclus, les Etats- Unis ont pu, en partie, amadouer les représentants des Etats africains qui ont rangé leur colère. Car jusqu'ici, note l'éditorialiste, le président aux racines africaines n'a aucunement réalisé ce qu'on attendait de lui en Afrique. Tandis que depuis le début de ce siècle, la Chine a multiplié par 20 ses relations commerciales avec l'Afrique pour atteindre un montant de 200 milliards de dollars par an, les échanges commerciaux entre le « Nouveau Monde » et le continent africain ont même diminué ces dernières années, passant de 100 à 86 milliards de dollars. La puissance mondiale n°1 n'échange pas plus de marchandises avec tout le continent africain qu'avec le Brésil !

Le président du Soudan du Sud Salva Kiir à la Maison Blanche (le 5 août 2014)
Le président du Soudan du Sud Salva Kiir à la Maison Blanche (le 5 août 2014)Image : Reuters

Les choses devraient changer

Le président de la RDC Joseph Kabila et le Secrétaire d'Etat américain John Kerry (04.08.14)
Le président de la RDC Joseph Kabila et le Secrétaire d'Etat américain John Kerry (04.08.14)Image : picture-alliance/AP

La Berliner Zeitung, qui cite Barack Obama (« Nous devons faire plus. Nettement plus ! ») estime que les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de continuer à négliger le continent africain comme ils l'ont fait jusqu'ici. Car, relève le quotidien de Berlin, six des dix économies les plus dynamiques dans le monde se trouvent en Afrique et en 2040 déjà, le continent africain aura davantage d'habitants que la Chine ou l'Inde.

L'Afrique, un marché alléchant

La Frankfurter Allgemeine Zeitung constate également que l'Amérique découvre seulement maintenant ce que la Chine a remarqué il y a longtemps déjà : des taux de croissance annuels de 5%, année pour année - et ce n'est là que le taux moyen pour un continent qui abrite aussi bien des Etats économiquement faibles, comme le Niger ou le Tchad, que des Etats dynamiques comme le Nigéria ou la Tanzanie. Certains Etats, comme par exemple l'Ethiopie, connaissent des taux de croissance de 8 à 9 %. Guerres, maladies, catastrophes - c'est ce que les Européens et les Américains voient souvent en Afrique. Essor, espoirs et chances illimitées, c'est par contre ce qui caractérise la vision de nombreux Africains quant à l'avenir de leur continent dans des villes en plein essor comme Lagos, Nairobi ou Johannesbourg, conclut la FAZ.

Les manquements démocratiques à peine évoqués

L'administration américaine est apparemment consciente aujourd'hui de l'importance de ce marché à exploiter, estime aussi la Berliner Zeitung. Mais ce journal critique par ailleurs les égards que prennent les Etats Unis vis-à-vis des potentats africains. L'éditorialiste relève que si les présidents du Zimbabwe et du Soudan n'ont pas été invités à ce forum, tous les autres dictateurs, tous ceux qui ignorent les droits de l'homme et tous les champions de la corruption étaient à Washington et n'ont dû entendre aucune critique de la part du président Obama. Même un dictateur tel que Theodoro Obiang Nguema, président de la Guinée Equatoriale, ou bien le roi Mswati III du Swaziland, adepte d'un faste excessif, ont été épargnés. Le journal rappelle que les organisations de défense des droits de l'homme telles que Human Rights Watch ont sévèrement critiqué le fait que les questions des droits humains n'aient été qu'un aspect marginal pour les organisateurs de ce sommet.

Le président du Mali Ibrahim Boubacar Keita et son épouse
Le président du Mali Ibrahim Boubacar Keita et son épouseImage : picture alliance / AP Photo

Le virus Ebola continue à se propager

La peur se répand encore plus vite que le virus, constate la Süddeutsche Zeitung. Les virus sont petits, mais féroces, c'est vrai. Le virus d'Ebola se propage par le sang ou d'autres liquides corporels, si bien qu'un contact avec des malades ou du matériel contaminé suffit pour contracter la maladie. Mais bien que quelque 1700 personnes aient été contaminées en Afrique de l'Ouest, la maladie ne conduit pas toujours à la mort. Avec quelque 900 cas confirmés en Afrique, le taux de létalité est de 55%, rappelle le journal de Munich.

Le quotidien évoque le cas des deux patients américains, un médecin et une infirmière, qui ont contracté le virus au Nigéria et ont été rapatriés aux Etats-Unis où ils sont en traitement dans une clinique spécialisée à Atlanta. Le suivi médical à Atlanta est certes plus professionel qu'en Afrique, écrit la Süddeutsche Zeitung . Mais malgré cela, il n'existe pas de traitement adéquat même dans le meilleur hôpital du monde. On ne dispose pas d'une thérapie ou d'un vaccin spécifique. Les patients sont hydratés et nourris par sonde si nécessaire, on leur donne des anti-douleurs et on fait baisser leur température. Les deux patients sont traités en plus avec le ZMapp, un médicament non homologué par les autorités sanitaires, à leurs propres risques et péril, un sérum avec des anticorps qui jusqu'ici n'avait été testé que sur des singes.Cette expérience avec le ZMapp ne trouve pas que des adeptes, relève le journal : un représentant de l'OMS a estimé qu'il était risqué de généraliser l'emploi d'un médicament non testé selon les règles. L'organisation Médecins sans Frontières se montre aussi sceptique et exprime des réserves éthiques et scientifiques face à de possibles effets secondaires négatifs.

Un panneau explicatif des symptomes de la maladie hémorragique à Freetown, Sierra Leone
Un panneau explicatif des symptomes de la maladie hémorragique à Freetown, Sierra LeoneImage : picture alliance/AP Photo
Une chambre destinée à recevoir un patient souffrant du Virus d'Ebola à Londres
Une chambre destinée à recevoir un patient souffrant du virus d'Ebola à LondresImage : LEON NEAL/AFP/Getty Images

Au moins un des patients américains se porte mieux, mais, conclut le journal, on ignore si cela est dû à l'effet du médicament ou bien s'il fait partie des patients qui - sans avoir recu le ZMapp - survivent selon les statistiques actuelles.