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Rapport d'enquête sur le scandale d'Abou Ghraib

Aude Gensbittel25 août 2004

Plusieurs journaux allemands reviennent aujourd’hui sur l’affaire Abou Ghraib et la question des responsables du scandale. Une commission d'enquête sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers irakiens à Abou Ghraib a remis son rapport hier au secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld. Un rapport qui dénonce des faiblesses de la hiérarchie militaire jusqu’au plus haut niveau, et notamment un manque de discipline qui aurait favorisé les abus.

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La prison d'Abou Ghraib
La prison d'Abou GhraibImage : AP

La torture a-t-elle été pratiquée de façon systématique à Abou Ghraib sur ordre de hauts responsables américains, les prisonniers irakiens ont-ils été simplement victimes du sadisme de leurs gardiens, ou bien les incidents sont-ils dûs à un mélange des deux ? Des questions qui n’ont pas encore été entièrement éclaircies, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Une seule chose est sûre, c’est que ce qui a eu lieu dans cette prison – et sans doute dans plusieurs autres – est une véritable débâcle en matière de surveillance et de discipline militaire. Et selon la commission d’enquête, la responsabilité ne revient pas à un sous-officier quelconque, mais bien au commandement militaire et civil du Pentagone.

Le nom du chef du Pentagone n’est certes pas mentionné dans le rapport, écrit le Handelsblatt, mais la commission d’enquête a mis la responsabilité du scandale directement entre les mains du secrétaire à la Défense. Elle reproche aux autorités militaire et politique d’avoir négligé leur devoir de surveillance et ainsi créé un environnement propice aux sévices des soldats américains, poursuit le quotidien de Düsseldorf. Un autre rapport, celui du général George Fay, arrive aux mêmes conclusions : la responsabilité du scandale va bien au-delà des sept soldats américains accusés.

Pour la Tageszeitung de Berlin, c’est maintenant presque officiel : les soldats américains impliqués dans les sévices d’Abou Ghraib ne représentent que la surface du scandale. Les hauts gradés militaires, jusqu’au cœur du Pentagone, portent au moins une partie de la responsabilité. Les rapports d’enquête commandés par le ministère de la Défense ne vont pas jusqu’à reprocher aux officiers d’avoir directement ordonné la torture, poursuit le journal, ils parlent d’un mauvais commandement et d’un manque de contrôle. En d’autres termes on s’est rigoureusement appliqué à fermer les yeux sur ce qui pouvait se passer dans les prisons. Mais les rapports rendus publics n’osent pas aller jusque là, écrit la taz. Et le mot d’ordre officiel reste encore et toujours qu’une poignée de sous gradés a dépassé les bornes et que, malheureusement, personne n’a pu les en empêcher.