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Razzia anti-terreur

Christophe LASCOMBES10 mai 2007

C’est en prévision du sommet du G8 dans un mois à Heiligendamm, sur les rives de la Baltique, que la police a procédé hier, dans plusieurs villes du pays, à une razzia de grande envergure contre des opposants déclarés à la mondialisation. Selon le Parquet fédéral, de nombreux groupes d’opposants sont soupçonnés de vouloir troubler de manière, je cite « terroriste », la grand-messe des nations les plus industriali-sées.

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Quand l'Etat fait rimer opposition pacifique et terrorisme...
Quand l'Etat fait rimer opposition pacifique et terrorisme...Image : AP

900 policiers pour fouiller 40 locaux dans toute l’Allemagne, des montagnes de documents et d’ordinateurs saisis, mais pas une seule arrestation, observe Die Welt.

Les autorités maintiennent ainsi leur politique de la « tolérance zéro » envers tous ceux qui troublent l’ordre public. Seulement, le fait d’avoir motivé ces perquisitions massives avec le soupçon de « formation d’organisation terroriste » oblige désormais le Parquet fédéral à fournir des preuves solides pour justifier ce déploiement de force, critique la Frankfurter Rundschau. Sinon, il livrera des arguments de poids à tous ceux qui estiment que cette action visait uniquement la criminalisation du mouvement de protestation contre la mondialisation, un mouvement en majorité pacifique.

Razzia de la terreur, titre la Tageszeitung, qui dénonce le recours au tout nouveau et très controversé paragraphe 129a du Code pénal allemand. Ce paragraphe en effet étend la qualification de « formation d’organisation terroriste » à toute activité pouvant être directement ou indirectement reliée à une action dite terroriste. Cela va très loin, le simple soutien devient donc ainsi aussi un crime. Pourtant, même si les pires craintes des fétichistes des droits civiques ne devaient pas s’avérer fondées et qu’aucune procédure selon ce paragraphe n’était ouverte, les autorités allemandes tireront toutefois un grand bénéfice de cette action.

N’était-il pas possible d’y aller moins fort ? demande la Süddeutsche Zeitung. Certes, l’Etat ne doit pas rester inactif face aux militants qui recourent à la violence et aux déprédations. Mais ce recours à l’épouvantail du terrorisme cache une toute autre ambition : c’est le prétexte tout trouvé pour procéder à des investigations de masse. Visiblement, cette action lancée juste avant le sommet du G8 avait pour objectif d’intimider le noyau dur des activistes et de mettre au jour leurs structures de communication. Ce ne serait pourtant pas la première fois qu’une telle réaction exagérée des forces de l’Etat entraînerait des conséquences funestes. Une chose est sûre pourtant, l’opposition au sommet du G8 est sûre de faire le plein, conclut le quotidien.