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RDC: 19 000 candidats pour 500 sièges

25 novembre 2011

L'imminence des élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo amène les journaux à faire un bilan des cinq années écoulées sous la présidence de Joseph Kabila.

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Joseph Kabila en route pour annoncer sa candidature en septembre 2011Image : dapd

Si tout va bien, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, la RDC élira le 28 novembre un nouveau président, un nouveau sénat et une nouvelle chambre des députés. Après 2006 ce ne sont que les deuxièmes élections démocratiques depuis l'indépendance du pays en 1960. Pas moins de 19 000 candidats sont en lice pour les 500 sièges du parlement. Il n'est plus un secret pour personne sans doute que l'on peut devenir très vite très riche en faisant de la politique au Congo, ajoute le journal. Pour ce qui est de la présidentielle, le président sortant Joseph Kabila aura face à lui dix autres candidats. Et il est clair, souligne le journal, que cela fait le jeu de Kabila. Lequel, depuis sa prise du pouvoir il y a dix ans, a toujours profité d'être sous-estimé. Par précaution, il a fait modifier le code électoral. Désormais la majorité simple suffit pour être élu président. Il a fait modifier aussi la constitution, pour que le président puisse limoger les gouverneurs de province. En conséquence de quoi les gouverneurs font maintenant campagne pour Kabila. Reste à savoir s'il a vraiment besoin de toutes ces ficelles. S'il n'est pas aimé, des progrès ont quand même été accomplis ces cinq dernières années. A Kinshasa par exemple, beaucoup de rues ont été refaites. Et il y a maintenant une route goudronnée, de 600 km de long, qui relie Kikwit, dans la province du Bandundu, à Kinshasa et qui permet d'approvisionner la capitale en produits alimentaires frais. L'amélioration des infrastructures ne s'est pourtant guère traduite par une amélioration des conditions de vie de la population. C'est ce que l'on reproche à Kabila, ajoute le journal.

Demokratische Republik Kongo Wahlen 2011
Manifestation de l'opposition à Kinshasa, le 1er septembre 2011Image : AP

Un bilan nuancé

La RDC, lit-on dans l'hebdomadaire Die Zeit, va-t-elle consolider un tant soit peu la démocratie ou va-t-elle retomber dans un état d'instabilité et de violence? L'opinion la plus répandue est que le Congo n'est jamais sorti de cet état: des groupes rebelles continuent de terroriser des régions dans l'est du pays. Rien ou presque n'a changé dans la situation sociale, misérable, de la population. Cela cadre à la perfection avec l'indécrottable cliché du coeur des ténèbres. C'est aussi une partie de la réalité, mais une partie seulement, souligne le journal. Lors des élections de 2006, le pays était tombé tellement bas qu'il ne pouvait que gagner. Cinq ans plus tard, le Congo a quelque chose à perdre. Pas seulement des routes neuves ou quelques hôpitaux rénovés, mais aussi des premiers pas prudents dans le contrôle parlementaire, une presse qui peut s'exprimer librement sur la classe politique, et une société civile plus sûre d'elle et plus insolente que dans certains pays voisins.

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Patrouille de l'ONU à Luvingi, dans l'est de la RDCImage : Simone Schlindwein

Violences pré-électorales

die tageszeitung évoque brièvement l'assassinat , en début de semaine à Kinshasa, de l'opposant Marius Gangale. Il présidait le groupe parlementaire du MLC, le mouvement de libération du congo, dans le parlement provincial de Kinshasa et avait fait campagne l'an dernier contre la corruption.Le journal relate beaucoup plus longuement comment l'un des príncipaux chefs des FDLR, les milices hutues rwandaises, a été abattu dans l'est du pays.Evariste Kanzeguhera, alias Sadiki Soleil, a été tué par une milice Mayi-Mayi. Probablement un acte de vengeance, estime le journal, pour les viols de masse commis en août 2010 dans le régions de Walikale et Masisi. Des viols attribués aux FDLR.

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Manifestation devant le parlement, au Cap, contre la nouvelle loiImage : picture alliance/dpa

Une loi liberticide
La presse regarde aussi vers l'Afrique du sud, où le parlement a voté une loi qui restreint la liberté de la presse. Cette loi, dite "de protection des informations d'Etat" était en discussion depuis 2008. Elle interdit la publication de toute information jugée sensible. Et malgré de nombreuses critiques, note die tageszeitung, l'ANC a maintenu son projet. Cela a réveillé chez de nombreuses personnes des souvenirs de la sombre époque de l'apartheid, par exemple le "mercredi noir" du 19 octobre 1977. Le régime blanc de l'apartheid avait alors interdit les médias proches du mouvement noir de libération. Aujourd'hui les critiques viennent des vedettes de la télévision et d'habitants des cités noires, de l'archevêque Desmond Tutu et de la fondation de l'ancien président Nelson Mandela. La notion d'information sensible, souligne la Frankfurter Allgemeine Zeitung, est extensible à volonté. L'étiquette pourrait s'appliquer à des publications sur la corruption galopante au sein du parti gouvernemental, sur l'incompétence d'innombrables ministres ou sur le financement, par le contribuable, des frais occasionnés par les nombreuses femmes du président Zuma. Avant d'entrer en vigueur, la loi devra encore être approuvée par l'assemblée des provinces sud-africaines. Si tel est le cas, poursuit le journal, les médias sud-africains saisiront la cour constitutionnelle.

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Marchand de fruits au MozambiqueImage : Ismael Miquidade

Du chocolat pour un diabétique
Un livre inspire cette semaine à la presse une réflexion sur l'utilité de l'aide au développement de l'Afrique. C'est l'ouvrage de l'économiste zambienne Dambisa Moyo. Il s'intitule en français "L'aide fatale" et il plaide pour un arrêt de l'aide à l'Afrique. A juste titre, estime la Süddeutsche Zeitung qui prend l'exemple de la petite ville mozambicaine de Marromeo. En septembre 1984, écrit le journal, le temps s'est arrêté à Marromeo. C'était la guerre civile. L'usine de sucre fut bombardée. Les habitants n'avaient plus de travail. L'endroit s'est transformé en ville fantôme. En 1999 Marromeo a ressuscité. Un consortium de sociétés mauriciennes a acheté l'usine à sucre, l'a reconstruite et a donné du travail à 9 000 personnes. Six ans plus tard, l'endroit ressemblait à un petit paradis. Des maisons en pierres avaient été construites. Il y avait du courant, des médecins, des salles de classes remplies d'enfants portant des uniformes neufs. Aujourd'hui encore, relève le journal, la vie est florissante à Marromeo. A une heure de route en revanche, une autre ville, Luabo, est restée figée. Là aussi l'usine de sucre a été bombardée, mais elle n'a jamais été reconstruite. Le plus intéressant sans doute est que Marromeo a été reconstruite sans un centime d'aide au développement, mais avec l'argent d'investisseurs privés. Et même si Dambisa Moyo n'évoque pas cet exemple dans son livre, il est la preuve, impressionnante, de la justesse de sa thèse, à savoir que l'Afrique n'a pas besoin d'aide au développement, mais d'une économie qui fonctionne. L'aide à l'Afrique, souligne encore le journal, c'est comme du chocolat donné à un diabétique.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum