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RDC : le calvaire des victimes de l’éruption du Nyiragongo

31 mai 2021

À Saké, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Goma, les déplacés ne trouvent pas de nourriture et sont exposés au risque de contracter des maladies.

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Des habitants de Goma quittant la ville après l’éruption du volcan Nyiragongo
Des habitants de Goma quittant la ville après l’éruption du volcan NyiragongoImage : Moses Sawasawa/AP Photo/picture alliance

À Saké, c'est dans une église que se trouvent de nombreuses personnes déplacées de Goma. 

Parmi elles,  Anny Pengele, la quarantaine. Elle dirige à Goma l'association Réveil des femmes intégrées,  une organisation qui lutte pour les droits des femmes. Avec quelques proches, Anny est désormais logée dans une petite annexe de l'église et nous fait visiter sa nouvelle chambre.

"C'est ma nouvelle chambre pendant cette période. Je passe la nuit sur ces bâches avec mes proches, qui sont des militantes comme moi. Les conditions ne sont pas bonnes, il n'y a pas de toilettes, il n'y a pas d'eau. Nous sommes obligées de rester ici en attendant la volonté de Dieu", témoigne-t-elle.

Une habitation, après la coulée de la lave du volcan  Nyiragongo à Goma
Une habitation, après la coulée de la lave du volcan Nyiragongo à GomaImage : Hugh Kinsella Cunningham/Save the Children/Reuters

Une attente interminable, d'autant qu'au moment de l'évacuation, il a fallu réagir très vite. Alors Anny a tout laissé derrière elle :

"Comme vous me voyez, c'est comme ça que je suis venue, j'ai laissé ma maison, mon bureau.... Donc toutes mes affaires. Je me suis même séparée de ma famille, nous sommes restés dispersés " explique t-elle. 

Lire aussi:  Le Nyiragongo, le volcan de tous les dangers

Volonté de retour

En raison des nombreuses difficultés qu'elle rencontre en tant que personne déplacée, Anny Pengele souhaite retourner à Goma au plus vite, mais pour l'instant, c'est encore la peur du volcan qui l'emporte.

Des déplacés suite à l'éruption du volcan Nyiragongo attendent de s'inscrire pour recevoir de l'aide humanitaire à Goma
Des déplacés suite à l'éruption du volcan Nyiragongo attendent de s'inscrire pour recevoir de l'aide humanitaire à GomaImage : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

"Nous devrions normalement revenir, mais la grande crainte est la menace d'une nouvelle éruption. J'ai des problèmes d'articulation et nous avons déjà évacué la ville, alors nous préférons suivre l'évolution à distance malgré la souffrance. Dès que nous verrons que les risques sont minimes, nous rentrerons chez nous", assure la jeune femme.

Si Anny Pengele accepte de prendre son mal en patience, d'autres déplacés ont commencé à revenir à Goma, malgré la menace d'une nouvelle éruption. Et pour cause : de nombreuses personnes disent préférer prendre ce risque plutôt que de mourir de faim ou d'une maladie.

Lire aussi:Témoignage du correspondant de la DW évacué de Goma

Crainte du choléra

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a dit dimanche craindre une flambée de choléra dans les sites de déplacés qui ont fui le volcan Nyiragongo, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), et a appelé à leur fournir une "assistance immédiate".

"Nous craignons évidemment une flambée épidémique de choléra. Le risque est élevé dans cette zone où le choléra est déjà endémique", a déclaré à l'AFP Magali Roudaut, chef de mission MSF en RDC, basée à Goma.

"Avec des populations qui bougent, ce serait une catastrophe", a- (FR): RDC : le calvair... t-elle mis en garde.

Le reportage de Zanem Nety Zaidi

Près de 400.000 personnes ont fui jeudi Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, menacée par une nouvelle éruption du Nyiragongo, après avoir reçu l'ordre des autorités d'évacuer.

Dans la panique et le chaos, les habitants se sont précipités sur les routes, en particulier vers la localité de Saké, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest, de même que vers Rutshuru au nord, et vers Minova dans la province voisine du Sud-Kivu.

A Saké, où MSF intervient depuis plusieurs années contre un choléra déjà endémique, "on parle de 100.000 à 180.000 personnes, en plus d'une population normale de 70.000 habitants, on imagine la difficulté d'accueillir cet afflux", a expliqué Mme Roudaut.