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RDC: les causes de l’embrasement du Kasaï

13 juin 2017

Jusqu'en septembre 2016, cette province était considérée comme un havre de paix. Depuis, le Kasaï baigne dans un cycle de violence qui a fait selon l’ONU plus de 4000 morts et fait fuir 1,3 million de personnes.

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Kongo Soldaten in Ostkongo
Image : DW/J. Kanyunyu

Pourquoi le Kasaï a sombré dans la violence ? - MP3-Stereo

Tout a commencé après l’assassinat le 12 août 2016 dans la ville de Tshimbulu, dans le Kasaï-central du chef coutumier Kamwina Nsapu. Cet assassinat est survenu lors des combats avec des forces de l’ordre. Ses fidèles, reconnaissables à leur front teint d’un bandeau rouge se sont organisés et ont décidé de venger leur chef.  Selon l'analyste politique Congolais, Christian Géraud, l’assassinat de ce chef traditionnel, Kamwina Nsapu ne  peut pas à lui seul justifier cette spirale de la violence:

" L’assassinat du chef coutumier Kamwina Nsapu est venu exacerber les crises latentes qui existaient au sein de la population vis-à-vis de l’autorité provinciale et du gouvernement central. Il ne faut pas oublier que nous parlons d’une région où le pouvoir coutumier a une très forte influence au sein de la population. Et donc, lorsqu’on touche à la vie d’un chef coutumier, c’est clair qu’il faut s’attendre à quelques dérapages, dérives et á des réactions assez virulentes de la part de ses partisans "

Le Kasaï inoculé par le virus de la violence ?

Un convoi de la MONUSCO  dans les rues de Tshimbulu le 11 mars 2017
Un convoi de la MONUSCO dans les rues de Tshimbulu le 11 mars 2017Image : Reuters/A. Ross

En 1960, au lendemain de l’indépendance de ce qui s’appelait à l’époque le Congo belge, le Sud-Kasaï est entré en dissidence avant de faire furtivement  sécession. Après une guerre qui dura quatre mois, avec pour corollaire de milliers de morts, le Gouvernement central reprit le contrôle de cette partie du pays. L’arrestation le 30 décembre 1961 du leader sécessionniste  Albert Kalonji Ngoyi a mis un terme à cette sécession. Depuis, les habitants de cette province de la RDC vivaient en harmonie, jusqu’á l’éclatement en septembre 2016 de ces exactions, regrette Jean-Claude Mputu, chercheur congolais en matière de gouvernance et démocratie:

" Au delà des troubles des années 60, de la sécession Kasaïenne qui a mis un temps, le Kasaï  n’avait plus connu de trouble majeur et les gens vivaient plutôt calmement. Actuellement, on est en train d’assister au Kasaï aux mêmes méthodes que ce qui se passe dans le Kivu, dans l’est de la RDC. Il y a même beaucoup d’officiers venus au Kasaï  pour mettre de l’ordre. Et au lieu de remettre de l’ordre, on assiste plutôt à une multiplication des foyers."

Joseph Kabila s'est rendu le lundi 12 juin 2017 dans le Kasaï-central
Joseph Kabila s'est rendu le lundi 12 juin 2017 dans le Kasaï-central Image : picture-alliance/dpa/M. Kappeler

Face à l’ampleur des violences, les autorités congolaises ont fini par engager des discussions avec les miliciens Kamwina Nsapu, dont  nouveau chef, Jacques Kabeya Ntumba a été nommé le 16 avril par ordonnance du vice-Premier ministre en charge de l'intérieur et de la sécurité, Emmanuel Ramazani Shadary. Le nouveau chef coutumier Kamwina Nsapu a dès sa prise de fonction  a lancé un message de paix à toute la population du Grand Kasaï, et a appelé toutes les parties au calme. Avant de qualifier de "bandits", ceux qui utilisent le nom de son père pour commettre des crimes de toutes sortes dans le Kasaï.  Un appel au calme resté jusqu'à  là   lettre-morte. Puisque la situation demeure confuse dans cette partie du territoire national.

 

 

 

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona