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Reflexions sur l'immigration clandestine

Sandrine Blanchard6 octobre 2005

Aujourd’hui, les journaux allemands reviennent abondamment sur les assauts d’immigrés clandestins aux frontières de l’Union européenne. C’est par centaines qu’ils essaient de passer par-dessus les barrières qui entourent les deux enclaves espagnoles au Maroc, Melilla et Ceuta. La majeure partie d’entre eux ne parvient pas à franchir la barrière et de nombreux candidats à l’exil sont tués ou blessés. Les commentaires de la presse allemande évoquent la violence et la fréquence des derniers assauts, mais également sur les réponses politiques souvent inadaptées qui sont apportées, par les autorités marocaines et européennes, à l’immigration clandestine.

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Soldat espagnol à l'entrée de l'enclave de Melilla
Soldat espagnol à l'entrée de l'enclave de MelillaImage : AP

L’Espagne et le Maroc réclament un « plan Marshall » d’aide au développement pour l’Afrique subsaharienne et le Maghreb, explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L’objectif en serait de stopper le flux de réfugiés en direction de l’Europe.

Pour la Frankfurter Rundschau, rarement un rapport sera tombé à point nommé comme le rapport des Nations Unies sur les migrations dans le monde. Désormais, d’après cette expertise, le nombre des migrants est passé de 82 à 200 millions entre 1970 et 2005. Une évolution qui s’explique par les disparités de plus en plus grandes entre les pays, en matière de développement économique et démographique, et de démocratie.

La Süddeutsche Zeitung rappelle pour sa part que les événements aux frontières des enclaves espagnoles, bien que terribles, ne sont qu’une partie du problème. Il y a en fait de moins en moins d’Africains qui tentent de gagner l’Europe, relate la SZ, la plupart des réfugiés africains fuient vers un autre pays du continent. Or, les autorités locales sont alors submergées, explique le journal, qui comprend que certains tentent le tout pour le tout pour se rendre en Europe, où leurs conditions de vie, bien que misérables, sont meilleures que dans les ghettos de Lagos ou Kinshasa.

« Bienvenue en Europe », titre la tageszeitung, qui publie en Une la photo d’un clandestin, face contre terre, entre deux barrières. « Le drame quotidien à Melilla, aux frontières africaines de l’Europe », explique le sous-titre de la taz. Le quotidien rappelle que du temps de la séparation de l’Allemagne, le mur de Berlin séparait est et ouest. Les Allemands de l’est revendiquaient alors le droit de circuler librement et l’Allemagne de l’ouest les soutenait dans leur démarche. Désormais, poursuit la taz, les murs ne séparent plus l’est et l’ouest mais le nord et le sud. L’ « occident libre », comme s’autoproclamaient les grandes puissances est devenu « la forteresse Europe », avec ses grilles aux frontières, protégées par des soldats qui tirent. Si les Africains avaient le droit de se rendre librement en Europe, l’Afrique ne se dépeuplerait pour autant, écrit la tageszeitung. Il serait donc temps que l’Europe soit en accord avec les valeurs qu’elle a fait siennes.