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Remède de cheval

15 février 2013

La presse allemande de ce vendredi revient sur le scandale de la viande chevaline déclarée comme viande de bœuf, mais commente aussi la proposition de la Commission européenne de taxer les transactions financières.

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Pour les Allemands, le cheval ça ne se mancge pas !
Pour les Allemands, le cheval ça ne se mange pas !Image : Reuters

Cette taxe anti-spéculation sur les transactions financières vaut mieux que rien, concède die tageszeitung. Mais cette version édulcorée n'apportera pas vraiment plus d'équité et ne protègera pas vraiment le monde de la prochaine crise financière. Ce compromis démontre à quel point la finance fait tourner le monde. Elle accepte cette taxe seulement parce que celle-ci ne freine pas vraiment son appétit d'argent.

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La taxe européenne sur les transactions financières n'est pas un remède de cheval contre la crise financière mondialeImage : dapd

À propos d'appétit, le scandale actuel de l'utilisation de viande chevaline dans la fabrication de divers plats surgelés industriels illustre parfaitement notre Europe à deux vitesses, explique die Welt. Si les uns parlent viande bio, réduction de la consommation de viande et labels de qualité, la grande majorité des consommateurs veut pourtant se nourrir à moindre coût et c'est ce comportement qui provoque ainsi les scandales alimentaires. La question aujourd'hui reste de savoir quel rapport nous voulons avoir avec notre alimentation.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, si les Allemands sont horrifiés, c'est parce que le cheval a accédé au statut de compagnon de l'Homme. De nos jours, personne n'aurait l'idée d'utiliser la viande de labrador pour fabriquer des lasagnes. Ce sont même les amis des animaux qui achètent des lasagnes pour leur labrador. Mais puisque le consommateur lambda veut de la viande à bas prix, le cheval risque de revenir dans l'alimentation humaine, car le canasson bulgare est bien moins cher que le bœuf allemand, français ou britannique. Ici, le marché réagit en conséquence, valse des étiquettes comprise. Personne ne parle pourtant du vrai scandale dans cette affaire : aucun des consommateurs de lasagne surgelé n'a remarqué qu'il mangeait du cheval.

Deutschland Skandal Pferdefleisch
Pourquoi l'alimentation humaine devrait-elle subir le diktat du discount ?Image : picture-alliance/dpa

Avec son titre « La grande bouffe », la Süddeutsche Zeitung s'interroge : c'est curieux, l'Homme est capable de modifier génétiquement ses aliments mais incapable de suivre à la trace les filières d'approvisonnement de sa viande ? Les différents scandales alimentaires de ces dernières années n'ont eu aucune conséquence durable sur le comportement du consommateur moyen. Même si l'on montrait plus souvent à la télévision comment fonctionnent les « usines à viande », les Allemands n'achèteraient pas moins de viande, mais regarderaient moins la télévision, dit le journal. Le prochain scandale alimentaire est d'ailleurs déjà programmé. Parce que nous mangeons comme nous mangeons et que nous consommons comme nous consommons, conclut le quotidien de Munich.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Anne Le Touzé