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"Renaissance d'un baroudeur"

Audrey Parmentier
21 juillet 2017

Dans l'Afropresse cette semaine, les quotidiens commentent notamment l'arrivée du général Dieudonné Amuli à la tête de la Police Nationale Congolaise. Ils évoquent également le sort des migrants venus d'Afrique.

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Kongo Polizei
Le général Dieudonné Amuli prend la place de Charles Bisengimana à la tête de la Police Nationale CongolaiseImage : Getty Images/AFP/E. Soteras

C'est l'un des militaires les plus expérimentés de la République Démocratique du Congo qui sera désormais chargé de réprimer les protestations de la société civile, peut-on lire dans l'article de Dominic Johnson dans la tageszeitung, la taz .

Le journaliste revient sur le parcours de Dieudonné Amuli, un parcours qui reflète l'histoire chatoyante des guerres du Congo : né dans le nord-est du pays, Amuli a été formé à l'école des officiers de Kananga dans le Kasaï dans les années 70. Puis il est entré dans la très redoutée garde présidentielle de Mobutu, avant de se rendre en Israël pour une formation d'élite et de devenir le commandant de la brigade chargée de la protection du dictateur.

Amuli, constate Dominic Johnson, est d'ailleurs l'un des derniers à être resté fidèle à Mobutu alors que son régime s'effondrait face aux rebelles de Laurent-Désiré Kabila. Après la fuite du dictateur, Amuli, comme beaucoup de partisans de Mobutu, s'est rendu à Brazzaville via le fleuve Congo. Et quand la guerre a de nouveau éclaté en RDC en 1998, il était l'un des fondateurs du MLC dirigé par Jean-Pierre Bemba qui a fait de lui son chef de l'Etat-major.

DR Kongo Mobutu / Mars Kadiombo(c) Saleh Mwanamilongo
Dieudonné Amuli a fait partie de la garde rapprochée de MobutuImage : Saleh Mwanamilongo

Avec l'aide de l'Ouganda, les rebelles ont conquis le tiers nord du pays et lorsque la paix a été signée en 2003, Amuli est devenu chef de la marine du pays. Un titre honorifique, précise Dominique Johnson, puisque la RDC n'a pas vraiment de marine.

Sa nouvelle fonction suscite les commentaires les plus divers

Certains craignent une militarisation de la police et donc plus de sang versé lors des manifestations. D'autres affirment qu'il est l'un des généraux les plus posés du pays. En 1997, alors qu'il faisait partie de la garde rapprochée de Mobutu, il n'a en tout cas pas souhaité, comme la branche dure du mouvement, mettre Kinshasa à feu et à sang plutôt que d'abandonner la capitale à Kabila.

Jean-Pierre Bemba
Jean-Pierre Bemba lors de son procès devant la CPIImage : picture-alliance/AP Photo/M. Kooren

Et en tant que chef de l'Etat-major de Bemba, il a réprimé les exactions commises en république centrafricaine entre 2002 et 2003.

Aujourd'hui, commente la taz, Jean-Pierre Bemba est derrière les barreaux, condamné pour crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale de La Haye. Et au pays, son ancien général en chef va diriger la police.

Les journaux allemands s'intéressent aussi au sort des migrants venus d'Afrique

La Frankfurter Allgemeine Zeitung évoque les 49 migrants qui se sont noyés début juillet aux abords des côtes marocaines. Le nombre des victimes ne cesse d'augmenter, écrit le quotidien de Francfort car il y a de plus en plus de gens qui tentent de venir en Europe par la mer. Parmi eux, de plus en plus de Marocains qui, pour la plupart, viennent de la région du Rif, théâtre d'un mouvement de contestation violemment réprimé.

Christian Ude
Chritian Ude est à la tête d'une association d'aide pour l'EthiopieImage : Getty Images

La tageszeitung, la taz, publie une interview de Christian Ude, social-démocrate, qui prône un "plan Marshall" pour l'Afrique. Celui qui a été maire de Munich pendant 21 ans affirme que l'Allemagne ne doit pas accueillir tous les Africains qui fuient le continent pour des raisons économiques.

Selon lui, il est du devoir des pays occidentaux d'investir des milliards d'euros en Afrique. Afin de construire des infrastructures, d'encourager l'agriculture ou encore de financer des offres de formation. Avec un demi-milliard d'euros, souligne Christian Ude, on peut améliorer l'existence de six millions de gens de manière durable. Si l'Europe débloquait cet argent, cela aiderait les deux continents, peut-on lire dans la taz.

Mais qu'en pensent les Africains ?

C'est la question que s'est posé le Tagesspiegel qui s'appuie sur une déclaration du musicien kényan Ogada selon laquelle « Vous ne cessez de nous exploiter », le « vous » faisant référence aux pays occidentaux.

La journaliste Veronica Frenzel est allée enquêter. A Nairobi, elle a rencontré Georges qui travaille comme fixeur et aide les reporters qui viennent en Afrique de l'Est. Selon lui, le plus grand problème, c'est l'attitude des journalistes étrangers qui cherchent sans cesse les histoires sanglantes ou tristes.

Kenia Traditionelle Musik Ayub Ogada
Le musicien kényan Ayub Ogada souhaite la fin de la domination occidentaleImage : picture-alliance/dpa/D. Kurokawa

Pour le musicien Ogada, la pensée coloniale ne parvient pas à sortir des esprits. Cela vient notamment du fait que, selon lui, dans la plupart des écoles on enseigne dans les langues des anciens colons et non dans les langues africaines.

Au Mozambique, certains agriculteurs qui participent à un programme de semences améliorées, affirment que leur rendement est moindre depuis que les entreprises internationales se sont implantées dans le pays. Et Veronica Frenzel de conclure que les hommes politiques occidentaux, plutôt que de vouloir à tout prix développer l'Afrique, devraient plutôt se demander comment mettre fin à la domination de l'occident sur le continent.